Critique de Solveig Deschamps –

« Beaucoup de gens croient qu’ils sont fous, mais, c’est un mystère… mais… pas de chance, la vraie folie leur file entre les doigts »

Petr Zelenka,  dramaturge tchèque, scénariste et réalisateur quasiment inconnu en France, originaire de Prague, est né en 1967. « Petites histoires de la folie ordinaire » écrite en 2001 est sa première pièce. On y découvre une écriture qui tranche dans le vif et fait apparaître les failles humaines avec juste ce qu’il faut de cynisme pour nous permettre d’en rire.

© Danica Bijeljac / Coll. Drao

Après « Derniers remords avant l’oubli » de Lagarce , « Push up » de Schimmelpfennig et « Nature morte dans un fossé » de Fausto Paravidino, le collectif DRAO a choisi de nous embarquer dans la petite histoire de Pierre, 35 ans, qui se réveille un matin avec des cheveux coupés dans la poche. Ce sont les cheveux de Jeanne, celle qui l’a quitté à moins que ce ne soit les cheveux de la tante d’Alan… S’en suit des enchevêtrements de situations burlesques et pathétiques, exacerbation du quotidien dans lequel on y trouve l’ami qui ira jusqu’à vivre avec un mannequin en plastique, la mère et ses journaux et ses : « Tu n’es même pas capable de trouver une femme… », le père qui faisait la voix des actualités au cinéma lors du communisme et aussi les voisins qui ne peuvent faire l’amour que si on les regarde… Et des bières pour faire mousser la folie ambiante.

« Je n’ai pas de chance , je ne rencontre que des gens bizarres »

© Danica Bijeljac / Coll. Drao

Au centre du plateau une grande cabine circulaire avec des rideaux qui vont s’ouvrir et se fermer, pour donner à voir la chambre de Pierre, la cuisine de Jeanne et même le super show du père, c’est à la fois la cabine d’essayage, là où Pierre essaye d’assumer et de comprendre sa vie, la cabine monstrueuse, là où tout peut se dire sans subterfuge, la cabine des fantasmes et de la représentation (celle de la mort du cygne décryptée par la femme de ménage est un grand moment)… Lumières crues comme si rien ne pouvait s’atténuer. Pas même la couverture de Pierre qui est vivante.

Improvisation théâtrale ?

Parfois on a l’impression que tout s’est bâti autour d’un travail d’improvisation. Ça joue avec le dérisoire, avec les situations, avec le grotesque, comme s’il y avait urgence à meubler le vide de ces vies là, alors on a envie de demander aux comédiens de s‘arrêter un peu, de souffler et que ça peut jouer quand même, que tout compte fait on est avec eux et qu’ils ne faut pas qu’ils s’inquiètent. C’est dommage qu’ils ne fassent pas confiance au texte.

Ils sont sept à se partager la mise en scène et la distribution, ils sont inventifs et joyeux, et tous très bons comédiens (notamment Fatima Souahlia-Manet dans le rôle de la mère et de la femme de ménage) mais pourquoi nous submerger par un fatras d’idées qui nuit à l’efficacité théâtrale ?

De là à penser qu’un collectif a aussi besoin d’un vrai regard extérieur…

Petites histoires de la folie ordinaire
Texte Français : Jaromir Janecek et Jean-François Loez (Ed. Théâtrales)
Mise en scène et interprétation : Collectif DRAO – Stéphane Facco, Thomas Matalou, Benoît Mochot, Gilles Nicolas, Sandy Ouvrier, Maïa Sandoz, Fatima Souahlia-Manet
Scénographie et costumes : Catherine Cosme
Musique originale : Nihil Bordures
Lumières : Kelig Le Bars
Magie : Thierry Collet maquillages
Perruques : Solweig Martz
Vidéo : Maïa Sandoz

Du 22 au 26 mars 2011

Théâtre des Quartiers d’Ivry – Studio Casanova
69 avenue Danielle Casanova, 94 200 Ivry sur Seine – Réservations 01 43 90 11 11
www.theatre-quartiers-ivry.com

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