Critiques // « Perthus » de Jean-Marie Besset au Vingtième théâtre

« Perthus » de Jean-Marie Besset au Vingtième théâtre

Jan 10, 2010 | Aucun commentaire sur « Perthus » de Jean-Marie Besset au Vingtième théâtre

Critique d’Evariste Lago

Etre ou bien paraître

Passage à l’âge adulte, liberté d’initiative, reproduction de schémas parentaux, absence du père et influence étouffante de certaines mères… Vaste programme à dérouler en une heure quarante mais pari accompli pour Jean-Marie Besset qui réussi à nouer toutes ces problématiques au travers d’une histoire crédible et poignante, avec pour toile de fond l’homosexualité acceptée ou refoulée de deux post-adolescents.

Décennie 70. Paul, en première, n’aime pas les maths mais aime la Princesse de Clèves et déjà le nouveau terminal, Jean-Louis. Jean-Louis, lui, n’aime pas la Princesse de Clèves, aime les maths et apprécie Paul. Tandis qu’ils échangent un soutien scolaire, débouchant sur un échange de sentiments, leurs mères, Irène et Marianne, délaissées par leur mari, échangent un soutien moral. L’échéance du bac – métaphore de l’entrée dans la vie adulte – approchant, la relation des garçons évolue au gré des pressions familiales. Jean-Louis, cartésien, binaire, fort en suite logique reprend le flambeau paternel. Paul, dans une acceptation totale de son idiosyncrasie, et contrairement à la Princesse de Clèves, réussit à se détacher des préceptes maternels.

L’amour toujours l’amour

Sylvain Dieuaide et Brice Hillairet, dirigés par Gilbert Désveaux, mettent en scène les éléments du décor au fur et à mesure de l’avancée de la pièce. Disposées sur des praticables, quatre chaises géantes, utilisées à bon escient, ponctuent habilement les différents tableaux, traités de manière quasi cinématographique. Quatre chaises pour quatre personnages. La parole est juste et les mots sonnent vrais, même pour les mères incarnées par deux hommes, Alain Marcel et Laurent Spielvogel. Loin de la caricature traditionnelle de l’homme travesti, on en vient à oublier le sexe réel de l’interprète, le jeu et le texte l’emportant sur les lieux communs. L’exercice est périlleux mais réussi pour Jean-Marie Besset qui traite à nouveau de l’homosexualité masculine. Un thème qu’il connaît bien. Ce sujet parle à tous, sans détour ni pédanterie, grâce à une écriture délicate et parfois incisive. L’interprétation est tendre pour l’évocation des sentiments adolescents confus et naissants, ici traités et joués avec vérité. L’auteur a su évoquer, avec des touches cruelles, de l’amour au féminin, de l’amour au masculin, de la perte de l’amour, des relations filiales, des rapports humains en somme, de nous. Comment ne pas être interpellé ?

Perthus
Deux mères, deux fils…

De : Jean-Marie Besset
Mise en scène : Gilbert Desveaux
Avec : Alain Marcel, Laurent Spielvogel, Sylvain Dieuaide, Brice Hillairet
Décor : Alain Lagarde
Lumières : Pierre Peyronnet
Costumes : Dominique Borg

Du 8 janvier au 28 février 2010

Vingtième Théâtre
20 rue des Plâtrières, 75020 Paris
www.vingtiemetheatre.com

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