Critiques // « Oxu » un spectacle de et avec Jean-Claude Legay, Christine Murillo et Grégoire Oestermann

« Oxu » un spectacle de et avec Jean-Claude Legay, Christine Murillo et Grégoire Oestermann

Juin 10, 2010 | Aucun commentaire sur « Oxu » un spectacle de et avec Jean-Claude Legay, Christine Murillo et Grégoire Oestermann

Critique de Denis Sanglard

La loi de Murphy

Quoi est-ce qu’Oxu ? Un O.T.N.I, soit objet théâtral non identifié qui ma foi laisserait tout chroniqueur perplexe. Donc et pour résumer, enfin tenter de, trois excellents comédiens qui décidèrent un beau jour qu’il y en avait assez de tous ces tracas quotidiens qui vous empoisonnent la vie et qui n’ont pas de nom. Et des tracas, y’en a…De A à Z. De Abrataphier, accident stupide il est vrai, à (gazouiller) Zwicky, très agaçant. Nos trois compères donnent un inventaire de situations universellement partagées qui participent de la loi de Murphy, théoricien du coup de la tartine beurrée qui tombe. Ainsi de poser sa main sur une plaque chauffante pour savoir si elle a refroidi, de partir en avance et de mourir en chemin, de partir pour une fois en avance et de mourir en chemin (ce qui n’est pas tout à fait la même chose), de découvrir que Machin n’est plus fâché avec Bidule alors qu’on s’était fâché avec Bidule pour soutenir Machin etc. etc. etc…Tout y passe et rien n’est saugrenu. Leur donner un nom semblait nécessaire et urgent « parce que souffrir avec précision, c’est mieux savoir vivre mal ». A cet inventaire loufoque de situations désormais dûment répertoriées s’ajoute celui des phrases qu’on a jamais dit et qu’on ne dira jamais, l’art de lire un mode d’emploi et de ses conséquences improbables sur l’objet attendu.

© Brigitte Enguérand

Oulipo

Dans un décors de bric, de broc et de carton où naturellement les tables sont toujours bancales, les chaises trop hautes et les cactus assoiffés, ces trois académiciens du rire font très sérieusement leur travail. Car ce qui se conçoit bien s’énonçant clairement, chaque situation est analysée, replacée dans son contexte, étudiée avec ses variantes (Troosme, ah Troosme ! De Troosme-agoudi à Troosme-némo c’est tout un inventaire à la gloire des « tracas de water »). Cela tient de l’Oulipo, où se serait égaré Jacques Tati et les Branquignols, et d’Hellzapoppin. Passent les ombres de Tardieu, Queneau, Perec, Dac. Nos trois comédiens complices et toujours pince-sans-rire s’en donnent à cœur joie. C’est extrêmement drôle, dynamique, poétique et intelligent. Mention spéciale à Christine Murillo pour son sens de l’équilibre et pour son inénarrable résumé du « Voile bleu », monument du film kitch tire-larme qui contribua à la gloire de Gaby Morlay. Néanmoins cette création est morale et sans vulgarité. Il n’y a pas de Q dans le Baleinié.

Oxu
De et avec : Jean Claude Legay, Christine Murillo et Grégoire Oestermann, d’après « Le Baleinié, dictionnaire des tracas » tomes 1, 2 et 3 (ed. Seuil et l’Intégrale ed. Points)
Scénographie : Jean-Pierre Larroche
Lumière : Alain Poisson
Costumes : Christine Brottes
Musique : Philippe Miller
Assistant : Charlotte Faivre-Castro
Transcription éclairée : Caroline Gernez

Du 4 mai au 17 juillet 2010

La Pépinière Théâtre
7 rue Louis Legrand, 75 002 Paris
www.theatrelapepiniere.com

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