Critiques // Critique • Olivier Py s’inspire de Shakespeare pour « Roméo et Juliette » à l’Odéon, un coup de maître.

Critique • Olivier Py s’inspire de Shakespeare pour « Roméo et Juliette » à l’Odéon, un coup de maître.

Sep 23, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • Olivier Py s’inspire de Shakespeare pour « Roméo et Juliette » à l’Odéon, un coup de maître.

Critique de Dashiell Donello

Pour ce coup d’essai shakespearien, Olivier Py a réussit un coup de maître, par une mise en scène inspirée de « Roméo et Juliette », au théâtre de l’Odéon.

Roméo et Juliette, pièce universellement connue, peut se résumer ainsi : La ville de Vérone est mère de cette histoire tragique. Les Capulet et les Montaigu sont aveuglés par un antique ressentiment. Leurs enfants nés sous de mauvais astres s’aiment et vont être les amants d’une réconciliation funèbre. Une statue d’or y est érigée à l’image d’un impossible amour. Car jamais il n’y eut plus douloureux récit que celui de Roméo et de Juliette. La pièce allégée du drame se dévoile sous un aspect rare, et nous divertie avant de nous inspirer terreur et pitié. Dans son excellente traduction Olivier Py nous reproduit les idiomes, de tous les personnages, du peuple jusqu’aux puissants. Son adaptation nous met en ligne directe avec l’homme contemporain tout en nous faisant imaginer ce que pouvait être le théâtre au temps de Shakespeare. Tout cela sans la mièvrerie d’un certain romantisme et avec la noblesse de l’humour.

© Alain Fonteray

Un théâtre élisabéthain du XXIe siècle

Olivier Py en homme de théâtre accompli met en scène un théâtre élisabéthain en pleine lumière. Il explore, avec une ingénieuse scénographie (Pierre-André Weitz), l’espace de manière géographique au quatre coins du plateau. Du sol à hauteur d’homme. Et reproduit un théâtre de tréteaux coutumier chez Shakespeare. Les divertimentos musicaux des scènes sont joués au piano. L’arrière scène expose une bâche en plastique rouge (rideau de sang et de vent) qui fait transparence sur les amours des amants de Vérone et leur fin tragique. Les décors roulants aux finitions peintes de manière incomplète, nous rappellent que tout est périssable. Ils vont d’un bout à l’autre de la scène et transforment un balcon en cimetière, ou une pièce d’apothicaire en tombeau. Les accessoires nous indiquent, dans un ciel de néon ou sur des ardoises géantes, la fête, la mort et la réconciliation. Et, bien sûr, comme dans tout bon théâtre, l’habit fait le moine.

© Alain Fonteray

La direction d’acteur, tout en clair de corps et d’astre ombré de chair, donne à nos regards une Juliette (Camille Cobbi) promise à un grand avenir théâtral. Un Roméo (Matthieu Dessertine) qui donne vie à son héros avec fougue et talent. Philippe Girard et Mireille Herbstmeyer, au sommet de leur art, sont la charpente de cette troupe séduisante. Olivier Balazuc, Quentin Faure, Barthélémy Meridjen et Benjamin Lavernhe, dans plusieurs rôles, nous réjouissent de leur dextérité. Avec ce coup de maître, d’Olivier Py, on espère, dans un proche avenir, une continuation du côté de Shakespeare.

Roméo et Juliette
De : William Shakespeare
Mise en scène, traduction & adaptation : Olivier Py (éd. Actes Sud – Papiers)
Avec : Olivier Balazuc, Camille Cobbi, Matthieu Dessertine, Quentin Faure, Philippe Girard Frère, Frédéric Giroutru, Mireille Herbstmeyer, Benjamin Lavernhe, Barthélémy Meridjen
Décor & costumes : Pierre-André Weitz
Lumière : Bertrand Killy
Son : Thierry Jousse

Du 21 septembre au 29 octobre 2011
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h

Odéon-Théâtre de l’Europe
Théâtre de l’Odéon

Place de l’Odéon, Paris 6e
Métro Odéon – Réservations 01 44 85 40 40
www.theatre-odeon.fr

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