article de Camille Hazard
Neuf petites filles jouent dans une cour de récréation.
Elles inventent tour à tour, parfois ensemble, des histoires et se livrent avec attirance et jubilation à des jeux de rôles.
Les règlent sont strictes.
Leurs histoires souvent cruelles et macabres sont alimentées par tout ce que ces petites filles ont vu, entendu, vécu, en dehors de l’école.
L’auteur Sandrine Roche rend compte de la violence de l’enfance et questionne, à travers son texte, le réel à travers le jeu. Elle montre la violence intestine qui sévit dans un groupe même chez les meilleures amies du monde ! Une telle est trop grosse, trop petite, trop pauvre, on ne veut plus jouer avec elle !… La lutte acharnée pour se différencier des autres, pour être la plus aimée, la plus jolie, la meilleure, a commencé…
Et pourtant ces neufs petites filles ne se séparent jamais. Le monde des adultes est pour elles une grande source d’inspiration et tat pis si elles n’en comprennent pas tous les aboutissants !!
« JM – Rentre la tête/mains en avant/saute.
M – Allez, fais-le !
A – J’ai pas envie.
JM – Fais-le !
M – Tu dois le faire !
JM – C’est le boulot !
M – C’est le boulot !
A – C’est pas du boulot ça.
JM – C’est le boulot on te dit.
M – Tu le fais! »
extrait
Mais que dire de la mise en « boîte » de Stanislas Nordey, pourtant habitué des mises en scène réfléchies et abouties.
Si le titre original de la pièce est Neuf petites filles « push & pull », dans la mise en scène, le push et le pull ont disparu laissant place à un calme linéaire. On passe à côté du mouvement et du rythme poussé tiré.
Les idées de mise en scène sont éculées, il ne reste que le jeu froid et distancié des comédiennes à nous mettre sous la dent. Les neuf petites filles sont comme posées au fond d’une boîte rose bonbon ; couleur quelque peu simpliste pour figurer le monde enfantin des petites filles…. Puis, de gros ballons couleur pastel viennent compléter le tableau glossy-glossy. Les petites filles revêtues d’une même robe blanche, ont toutes un éclat de peinture rouge carmin sur la poitrine ; c’est esthétique, mais tellement attendu… Enfin la mise en scène loin de trancher avec le texte de Sandrine Roche, l’avale complètement. La volonté de Stanislas Nordey d’être, avec ses comédiennes, au plus près et au service du texte est à saluer mais le résultat est tout autre. Des mots lancés dans le vide, des comédiennes qui ne se regardent jamais, une prise de parole qui vire au procédé technique… et même si on comprend l’intention du metteur en scène de « transformer » ses comédiennes en colonnes d’air pour laisser passer les mots et les silences, en enveloppes vides au service du texte, rien que du texte, tout devient systématique et l’on s’ennuie rapidement.
Neuf petites filles
De Sandrine Roche
Mise en scène Stanislas Nordey
Collaboration artistique Claire Ingrid Cottanceau
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumières Stéphanie Daniel
Composition musicale Olivier Mellano
Assistante costumes Myriam Rault
Peintures Costumes Leray
Régie générale Antoine Guilloux
Régie lumière Arnaud Godest
Régie son Yohann Gabillard
Régie vidéo Stéphane Pougnand, Gérome Godet
Régie plateau Gwenolé Laurent
Avec Maria Cariès, Nathalie Kousnetzoff, Sophie Mihran, Julie Moreau, Anaïs Piveteau, Lamya Regragui, Margot Segreto.Du 19 au 29 novembre 2014
Tous les jours à 20h30 (sauf dimanche 23 & 30 novembre 15h00)Théâtre des Abbesses
31, rue des Abbesses – 75018 Paris
M° Abbesses
Réservation 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
comment closed