© Nattapas Jirasatit

ƒƒƒ Article de Denis Sanglard

Entre tradition et modernité, entre culture ancestrale, traditionnelle, et plus récente, urbaine, quelle est le point de rencontre ? Comment réussir à joindre ces deux pôles, inventer une nouvelle forme irriguée de ces deux pratiques individuelles donc collectives, issues d’une même société. Entre le Khon pratiqué par Pichet Klunchun, Thaïlandais, et le Hip Hop de Olé Khamchania, originaire du Laos, où trouver la jonction ? La première image qui frappe, d’emblée, est leur arrivée sur le plateau, entre chien et loup, avançant d’un même pas, les corps se touchant à peine, reliés par leurs peaux qui se frôlent. Un pas mesuré, chacun à l’écoute du souffle de l’autre, de son rythme. Attentifs. Avant que d’entamer leur propre solo, dans leur style propre,  en regard de l’autre. Et progressivement une hybridation très subtile s’opère. La danse de l’un est contaminée sans violence par la danse de l’autre. Les échanges se font, se délient, vont et viennent, explorent les possibles. Aux kata traditionnelles du Khon, positions des mains, des pieds, du torse…, répond étrangement, presque naturellement, l’écriture chorégraphique du Hip-Hop. Un geste est ainsi récupéré, amplifié, exploré, intégré, métamorphosé. Les deux puisant dans le répertoire de l’autre pour enrichir le sien propre et peu à peu le réinventer. Une nouvelle écriture surgit par fragment d’abord avant d’absorber définitivement ces deux traditions pour n’en faire plus qu’une. La présence magnétique des deux danseurs ajoute, au-delà de leur talent et de leur technique, de leur énergie puissante voire irradiante, à la révolution de cette nouvelle danse, de son impact. Une image bouleverse particulièrement, certes pas anodine. Quand tous deux s’enlacent, au mitan de cette création,  le seul contact physique dans cette chorégraphie qui les voit parcourir le plateau, s’affronter, sans jamais vraiment se rencontrer, seuls à deux, vite séparés après leur arrivée peau à peau. Et c’est comme si soudain la promesse, le souhait d’une fusion de ces deux danses était enfin réalisé. Que les pôles qui jusqu’ici s’inversaient de façon ponctuelle, basculaient d’un danseur à l’autre, ici ne faisaient plus qu’un seul et nouveau continent…Une négociation réussie.

Et c’est cette réussite, ainsi que d’autres, initiée par le Tarmac, que d’un trait de plume, et d’un sms, inélégance rare voire lâcheté, le ministère de la culture a décidé de réduire à néant ne voyant en ce théâtre, comme pour d’autres, juste une ligne budgétaire de trop. Pour soutenir ce lieu emblématique, unique en France pour la découverte des scènes francophones, une pétition pour défendre le Tarmac et demander au ministre de retirer son projet est en ligne sur le site du Tarmac.

Négociations direction artistique Olé Khamchania

Chorégraphie, interprétation Olé Khamchania, Pichet Klunchun
Lumière Lise Poyol
Musique Léo Jourdain
Scénographie Lise Poyol, Léo Jourdain

Du 6 au 16 février 2018
Mardi au vendredi à 20h.
Relâche du 10 au 12 février

Le Tarmac
159 avenue Gambetta
75020 Paris

M° Saint Fargeau
Réservations 01 43 64 80 80

www.letarmac.fr

Tournée :
13 mars 2018 La Halle aux Grains-Scène nationale de Blois
15 au 17 mars 2018 L’Etincelle-Théâtre de la ville de Roune
20 mars 2018 Centre de développement chorégraphique de Toulouse / Midi-Pyrénées en co-réalisation avec le théâtre Sorano de Toulouse
2 et 3 novembre 2018 New Vision Arts Festival – Hong-Kong

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