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Lecture • Mise en scène et droits d’auteur – L’Entretemps Éditions

Mar 29, 2012 | Aucun commentaire sur Lecture • Mise en scène et droits d’auteur – L’Entretemps Éditions

Lecture de Dashiell Donello

Dans le titre de cet excellent ouvrage, dirigé par Sophie Proust, il est fait référence aux mots clés qui alimentent le débat depuis le théâtre grec jusqu’à nos jours : mise en scène, droits d’auteur, liberté, création, œuvre dramatique. Le questionnement ici est le moteur de la réponse.

La liberté de création scénique doit-elle se plier au respect de l’œuvre dramatique ? Est-ce qu’un metteur en scène peut se revendiquer auteur ? Une pièce peut-elle être trahie par une mise en scène ? Quelle est la limite à ne pas dépasser, en terme de liberté, qui s’offre au metteur en scène ?

Ce livre, rend compte de trois tables rondes, d’entretiens, de réflexions d’auteurs, de metteurs en scène, de traducteurs, de juristes, et tente d’y répondre, car il y a encore au regard de l’éthique scénique des questions qui restent posées.

Ce débat n’est pas né de la dernière pluie théâtrale. Mais avant de parler du metteur en scène marchons sur le chemin historique et laborieux de l’auteur. Guère rémunéré au XVème siècle, l’auteur n’était payé que d’une popularité « ad honores ». Dès 1650 le statut social de l’auteur se modifie. Il y a une prise conscience sur l’importance de l’écrivain. Jusqu’à présent, il était lié à une troupe théâtrale et écrivait, plus ou moins, sur commande pour des comédiens qui possédaient le privilège de la représentation et de la publication. Il faut attendre le XVIIIème siècle pour réparer cette bizarrerie et voir poindre la professionnalisation de l’auteur qui ne se démentira plus jusqu’ à son avènement d’artiste authentique au XIXème siècle. Aujourd’hui, l’auteur est protégé par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) qui garantit son droit moral et matériel.

Le metteur en scène donne à regarder ce qu’a écrit l’auteur. C’est un chef de scène. Jean Vilar disait « régisseur ». C’est de sa subjectivité qu’il doit faire naître un consensus en adresse au public, via les comédiens, l’interprétation, la scénographie, le son et la lumière.

La mise en scène est une conception relativement récente.  C’est au début du XIXème siècle que l’on prend ce terme « mise en scène » en remplacement d’adaptation scénique. On considère Antoine comme un des premiers metteurs en scène. Il défend l’idée que l’image scénique est supérieure au texte et au livre. On peut dire que le metteur en scène a organisé sa profession bien mieux que ne l’ait fait l’auteur. Du moins plus rapidement. Après cette historicité sur l’auteur et le metteur en scène, revenons à notre livre « Mise en scène et droits d’auteurs ».

Sophie Proust nous dit dans son introduction :

« Alors que le texte dramatique est très tôt reconnu par le Code de la propriété intellectuelle (C.P.I), assurant à l’auteur dramatique le statut d’auteur et donc la protection de ses œuvres ainsi qu’une rémunération pour leur exploitation, la mise en scène n’apparaît comme œuvre protégeable par le biais de décisions jurisprudentielles que dans les années soixante-dix. L’application pratique des principes dégagés par la jurisprudence s’est manifestée par la signature d’une convention entre le Syndicat national des directeurs et tourneurs du théâtre privé et le Syndicat national des metteurs en scène en 1986. Cela a participé à la reconnaissance du metteur en scène comme un auteur en France. »

Donc, selon cette convention, le metteur en scène est bel et bien un auteur. Mais encore faut-il lire entre les lignes et le débat donne encore matière à dispute.

« Mise en scène et droits d’auteur » est un outil de travail essentiel, tant pour les professionnels que pour les étudiants et tous les amateurs de théâtre. C’est un livre que devrait avoir chaque compagnie dans sa bibliothèque. Sa lecture est agréable et bien argumentée. Des personnalités participent à cet ouvrage collectif. On peut citer entre autres : Sophie Proust, Jacques Baillon, Yves Beaunesne, Michel Corvin, Anne Delbée, Jean-Claude Fall, André Markowicz, Matthias Langhoff, Didier Long, Jérôme Savary etc. Ce genre de livre est toujours en perpétuelle remise en question, il faudra revenir cent fois sur le métier, car nous sommes à l’aube de cette réflexion. Si la France, le Portugal et le Canada font figure de proue en cette matière,  nombre de pays dans le monde sont encore dans la controverse. Alors le XXIème siècle sera-t-il le point d’orgue d’une nouvelle histoire de la mise en scène théâtrale contemporaine ?

Mise en scène et droits d’auteur. Liberté de création scénique et respect de l’œuvre dramatique
Ouvrage collectif dirigé par Sophie Proust

Entretemps Editions
Domaine de la Feuillade, 264 rue de Capitaine Pierre Pontal
34000 Montpellier – France
Tél. : O4 99 53 09 75

www.entretemps.org

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