À l'affiche, Critiques // MDLSX, compagnie Motus, au Nouveau Théâtre de Montreuil

MDLSX, compagnie Motus, au Nouveau Théâtre de Montreuil

Nov 21, 2016 | Commentaires fermés sur MDLSX, compagnie Motus, au Nouveau Théâtre de Montreuil

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

960-motus2-500x307
© DIANE_ Ilaria Scarpa

Please, please, please, let me get what i want / The Smiths.

Une performance coup de poing, intelligente et subtile, sans esbroufe et sans autre provocation que sa vérité, vérité subversive, magnifiquement transgressive et terriblement indispensable, nécessaire. Une création qui interroge le genre. Sujet ô combien brûlant aujourd’hui et qui fait débat jusqu’à tomber dans le rance et l’abject. Là nous avons une réponse cinglante et sensible, sans pathos, d’une force et d’une violence formidable et menée avec une énergie folle. MDLSX est un objet hybride, musical, performatif, un hymne à la liberté absolue et à la création de soi. L’un n’allant pas sans l’autre. Entre fiction et autobiographie, refusant le victimisme, Silvia Calderoni et la compagnie Motus (Enrico Casagrande et Daniela Nicolo) démontent et dénoncent les mécanismes sociaux, politiques et économiques qui imposent la catégorisation des sexes au détriment du genre. Le sexe n’est pas le genre n’en déplaise aux tenants de la morale normative. Fragments de biographie, dont ceux de Silvia Calderoni, et fragments littéraires (Pasolini, Virginia Woolf, Jeffrey Eugenides) font la trame d’un récit implacable, sans victimisme, d’une métamorphose, d’une liberté conquise. La frontière est volontairement brouillée entre la fiction et la réalité. Parce que ce qui s’énonce là, ce qui est dénoncé, dépasse très vite le cas particulier pour une portée plus générale. Défense et illustration magistrale en quelque sorte de la théorie du genre. Où il ressort que la première identité que l’on prend est celle de l’insulte qui nous est donnée. Chaque chapitre, chaque marche vers l’appréhension, la conquête de soi, sont menés tambour battant, accompagnés d’une playliste affolante. Chaque tracks est plus qu’une illustration sonore, c’est un discours, un écho qui rehausse d’un cran ce qui s’énonce sur le plateau. Comme ces chansons qui vous aident à vivre parce qu’elles sont pile-poil le reflet de nos sentiments quand les mots viennent à manquer et que tout se barre en sucette. Alors se déhancher dessus ça fait du bien aussi, il faut que le corps, ce monstre, cette chimère, exulte sa rage, empoigne sa vérité intime, sa conviction d’être ce qu’au fond de lui il n’ignore pas. Comment une petite fille devint ce qui était pour lui une évidence, un garçon. Silvia Calderoni irradie le plateau de sa présence, de son humour, de son urgence à être. Elle sidère par sa rage et sa force. Le corps en avant, fière androgyne, elle n’élude rien. Pas de faux semblant ni de compromis. C’est cash. Et puis il y a cette conclusion incroyable où découvrant ce fils qu’il ignorait le père pose cette question: « N’était ce pas plus simple de commencer par là ? ».

« Please, Please, Please, let me get what i want ! »

MDLSX, compagnie Motus
Mise en scène, Enrico Casagrande et Daniela Nicolo
Dramaturgie, Daniela Nicolo et Sylvia Calderoni
Son, Enrico Casagrande
En collaboration avec Paolo Panella et Damiano Bagli
Lumières et vidéo, Alessio Spirili
avec Sylvia Calderoni

Nouveau Théâtre de Montreuil
10 place Jean Jaures
93100 Montreuil

du 23 nov au 03 déc 2016
20h (23, 24, 25, 26, 30 nov)
21h (28, 29 nov, 1, 2, 3 déc)

salle Jean-Pierre Vernant
réservation 01 48 70 48 90
nouveau-theatre-montreuil.com

Be Sociable, Share!

comment closed