Critique d’Evariste Lago –

Concert de morceaux de vie

Dimitri Naïditch est un pianiste né en 1963 en Ukraine. A sept ans, il entre à l’École Secondaire Spéciale Pour Enfants Surdoués puis intègre le Conservatoire de Kiev et enfin le Conservatoire de Moscou.  En 1992, il s’installe à Lyon et devient professeur au Conservatoire et fonde à Annonay, en Ardèche, le festival de jazz et de musique classique Les Mélomanies d’Annonay.

« Ma vie en morceaux » est à la fois un concert de musique classique et un concert de jazz, le tout entremêlé, avec pour lien des intermèdes autobiographiques. Cette histoire, c’est celle de Dimitri Naïditch, de son enfance à aujourd’hui, de l’Union soviétique à la France. Une histoire souvent vraie, parfois édulcorée, parfois dure, mais toujours drôle. Dimitri n’a qu’un seul ami : son piano. A trois ans, sa mère, professeur de piano, l’instruit des premiers rudiments. S’enchainent alors les conservatoires et les prix.

Dimitri Naïditch avait un don. Il l’a transformé en génie. L’homme et son instrument ne font qu’un, ils ne forment qu’un même corps, qu’une même âme. Les touches noires et blanches sont comme des prolongements de ses doigts. Entre deux morceaux de Bach ou Mozart, les morceaux de jazz fusent. A chaque chapitre se son autobiographie, son style musical. Sa virtuosité se ressent même dans les musiques plus contemporaines, comme celles de Piaf ou Brel.

Le classique et le jazz. Influences antinomiques ? Apparemment pas pour ce surdoué qui les enchaine l’un après l’autre et parfois même entre eux. Aux envolées lyriques du classique répondent la poésie et la folie du jazz. Naïditch, avec un accent slave des plus délicieux, nous entraine loin. Loin de la France, loin des conventionnels concerts de musique. Il nous fait frissonner d’horreurs communistes et de beautés musicales.

Dimitri Naïditch n’a qu’un credo « la musique adoucit les mœurs ». Naïf ? Simpliste ? Pas tant que ça…

Musique de parti (et rien d’autre), surveillance et délation. Tel était le menu proposé par les pseudos libérateurs du peuple soviétique. Mais le temps des bourreaux liberticides est révolu et aujourd’hui, la carte proposée par Dimitri est plus libre et plus éclectique.

En résumé, un bonheur acoustique complet, rien de pesant dans les intermèdes autobiographiques mais, au contraire, beaucoup de poésie et humour.
Et puis si vous n’avez jamais vu comment on démarre un demi-queue avec des câbles de démarrage…
Ouvrez vos esgourdes et laissez vous pénétrer par la musique et la folie slave.
Vous n’aviez jamais entendu de piano avant cela.

Ma vie en morceaux
De et avec : Dimitri Naïditch

Du 17 janvier au 27 juin 2011
Les dimanches à 11h et 17h, les lundis à 21h

Théâtre de la Gaîté Montparnasse
26 rue de la Gaîté, 75 014 Paris – Réservations 01 43 20 60 56
www.gaite.fr

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