Critique d’Evariste Lago –

Invasion de frites, de « fancy-fair à la fraise » et de bières ?

Pas si perdue

Comme en Belgique les choses sont plus simples qu’en France, le titre Lost in Paris, nous donne le ton de ce seule en scène. Cécile, jeune trentenaire belge, décide de venir tenter sa chance à Paris. Quoi de plus beau que les lumières de la ville (Chaplin), ses cabarets, le Moulin rouge (Baz Luhrmann), ses monuments, ses habitants et ses conducteurs si… charmants ? D’ailleurs « conduire à Paris est une question de vocabulaire ». Audiard avait bien raison. Toujours est-il que le premier mot que notre belle Cécile va entendre est un bel « enculé » prononcé par un compatriote motorisé. Les parisiens sont adorables, quoi qu’on en dise… quoique. Bon, ne jouons pas aux filles qui se perdent en discussions inutiles, allons droit au but. Accompagnée de son ami Roland, elle emménage pour montrer ses talents d’actrice aux Français. Hélas, rien ne va plus et Cécile perd pied, largue son mec, se fait coacher par sa tante, son frère et se confronte aux directeurs de casting légèrement barrés de la capitale. Heureusement, elle se réconforte dans son stage de rire. Nous aussi, nous participons au stage de rire, mais avec Cécile en meneuse efficace. Dure la vie de nouvelle parisienne, surtout lorsqu’il faut trouver un colocataire puis se rabattre sur une colocataire quelque peu… spéciale.

On s’y retrouve

Spéciale. C’est le terme. Le spectacle de Cécile est spécial. Cécile est spéciale, elle sort de l’ordinaire. De suite, on l’aime bien car elle a cette manie qu’ont les Belges de vous mettre à l’aise, comme ça. C’est une fille à qui l’on a envie de dire tout de suite : « viens, on va boire un verre et tu me raconteras ta vie ». Et Cécile raconte tout et on a envie de la suivre dans ses aventures. C’est la copine un peu folle qu’on attendait depuis si longtemps. La dizaine de personnages qu’interprète Cécile Boland, sont absolument truculents et saisissants de vérité. Un accessoire, une mèche de cheveux changée et Cécile devient son frère, sa mère (note spéciale du jury) et bien plus encore. Si vous voulez voir de l’accent belge bien gras, des frites et de la bière sur le plateau, vous n’êtes pas au bon endroit. Par contre si vous cherchez le comique de situation, les personnages attachants et la finesse, alors … finalement on s’y retrouve.

Lost in Paris
De : Cécile Boland
Mise en scène : Mickaël Sladden
Bande son : Alix Ploquin
Composition musicale : Ken Ploquin
Costumes : France Lamboray
Chorégraphie : Bénédicte Van
Graphisme : Cédric Decock
Voix off bande son : Guillemette Barioz, Mikaël Sladden, Thomas Zaghedoud, Gérard Dessales, Stéphanie Lagarde, Stéphanette Martelet

Du 3 octobre 2010 au 3 janvier 2011

Comédie des Trois Bornes
32 rue des Trois Bornes, 75011 Paris
www.trois-bornes.com

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