À l'affiche, Critiques // Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène de Marie-Claude Pietragalla, Daniel Mesguich et Julien Derouault, Château de Grignan / Les Fêtes Nocturnes

Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène de Marie-Claude Pietragalla, Daniel Mesguich et Julien Derouault, Château de Grignan / Les Fêtes Nocturnes

Juil 25, 2017 | Commentaires fermés sur Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène de Marie-Claude Pietragalla, Daniel Mesguich et Julien Derouault, Château de Grignan / Les Fêtes Nocturnes

© Claire Matras

Article de Denis Sanglard

Lorenzaccio de Musset à Grignan pour Les Fêtes Nocturnes est une immense déception ! Pour ne pas dire un gâchis. Ils s’y sont mis à trois pour ce faire. Mais on est en droit de se demander où dans cette mise en espace, plus que mise en scène, est passé Daniel Mesguich invité par Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Nulle part trace de sa pâte singulière. A-t-il laissé faire ou a-t-il été empêché ?… Cette volonté affichée par la compagnie « Le théâtre du corps » de faire dialoguer théâtre et danse, idée loin d’être neuve mais ayant produit des spectacles phares, on pense inévitablement à Pina Bausch, ici ne fonctionne pas. Rien à vrai dire ne retient l’attention, c’est très vite d’un triste ennui abyssal. Prisonnier d’un carcan académique, Marie-Claude Pietragalla et en premier lieu Julien Derouault, qui a la lourde tâche d’interpréter le rôle-titre, ne réussissent pas à dépasser ce corpus classique. Entrechats, grand-écarts et pirouettes ne suffisent pas à définir un personnage. Le geste est comme plaqué sur le texte, sans rapport avec lui. Du moins ne voit-on pas le lien. Cela semble purement artificiel. Il aurait fallu sans aucun doute, revenons à Pina Bausch, inventer un autre langage, moins extérieur à ce qui est énoncé, casser les codes, ou transcender le geste, même classique, pour qu’il soit plus qu’un geste mais l’essence d’un personnage, voire son mystère. La danse ici ne sert pas la dramaturgie, elle la parasite, l’appauvrit, la contraint. Tout paraît superficiel. Sans intérêt. Jusqu’au jeu des acteurs-danseurs qui n’expriment rien d’autre que le texte, sans intention autre que de bien dire. Ils ne jouent pas, ils récitent. Marie-Claude Pietragalla particulièrement, la marquise Cibo, dont le jeu est aussi figé, monocorde et spectral, que le masque de danseuse classique qu’elle affiche en permanence, sans expression aucune. Julien Derouault est un Lorenzaccio athlétique mais terriblement lisse, sans aspérité, sans profondeur. On cherche en vain la vérité du personnage, lequel ballotte à la surface du texte. Il ne l’empoigne pas, ne le fait pas sien. On aimerait moins de pirouettes encore et plus de caractère. Si quelques-uns certes tirent leur épingle du jeu, hélas et très vite les limites apparaissent, entre jeu par trop forcé et vite caricatural, englués dans une chorégraphie qui n’apporte pas grand-chose pour ne pas dire rien. Au final les personnages, hors le texte, n’existent pas, n’ont pas de consistance, aucune épaisseur. De l’écheveau de cette pièce, difficile il est vrai, des enjeux dramaturgiques, il ne reste rien. Rien de la complexité des personnages, de leurs relations ambigües, des situations particulières. On reste en surface, toujours. Si la question se pose de savoir où donc est Daniel Mesguich dans ce naufrage c’est parce que très vite on se rend compte, qu’hormis cette volonté affirmée d’hybridation qui étouffe l’ensemble, il n’y a sur la pièce aucun point de vue, aucune vision, même polémique. Seule consolation, le très bel habillage de la façade du château, qui demeure pour le festival un des arguments et un atout, par Gaël Perrin. Projections en vidéo 3D qui libèrent le plateau et de l’ennui qui gagne. Mais cela ne suffit pas à sauver cette création sans génie et franchement ratée.

 

Lorenzaccio d’Alfred de Musset

Mise en scène  Marie-Claude Pietragalla, Daniel Mesguich, Julien Derouault
Chorégraphie  Marie Claude Pietragalla, Julien Derouault

Avec Julien Derouault, Marie-Claude Pietragalla, Abdel Rahym Madi, François Pain-Douzenel, Anouk Viale, Simon Dusigne, Fanny Gombert, Caroline Jaubert, David Cami de Baix, Benjamin Bac, Olivier Mathieu

Création Vidéo 3d  Gaël Perrin
Création costumes  Sylvaine Colin
Création musicale Yannaël Quenal
Création Lumière Samuel Boulier, Julien Dufour
Direction technique Eric Valentin
Régie son et vidéo Emmanuel Pincemain

Du 21 juin au 19 août 2017 à 21h

Château de Grignan
26230 Grignan

Réservations 04 75 91 83 65
www.chateaux-ladrome.fr

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