À l'affiche, Critiques // « Light Bird », de Marilén Iglesias-Breuker et Luc Petton, Théâtre National de Chaillot

« Light Bird », de Marilén Iglesias-Breuker et Luc Petton, Théâtre National de Chaillot

Mai 08, 2015 | Commentaires fermés sur « Light Bird », de Marilén Iglesias-Breuker et Luc Petton, Théâtre National de Chaillot

ƒ article de Denis Sanglard

url© DR

Elles surgissent sur le plateau, frémissantes, graciles et fortes à la fois. Elles occupent le vaste plateau, maîtresses des lieux, imposent aux danseurs de partager un espace qui devient le leur : quatre grues de Mandchourie, symbole d’immortalité, espèce menacée. Elles déambulent, ouvrent leurs ailes, paradent. Mouvements gracieux, démarche altière de ballerine…. Etrange et poétique ballet, chorégraphie aléatoire soumise à cette coexistence obligée et pacifique entre quatre échassiers et quatre danseurs. « Light Bird » a quelque chose d’infiniment fragile et ténu. Il règne sur le plateau une concentration, une attentivité propre à l’improvisation maîtrisée. Les oiseaux mènent le bal, ouvrent la chorégraphie à d’infinies et subtiles variations enchâssées dans une trame définie, suffisamment souple pour accueillir l’imprévu. Ce sont de formidables épousailles. Fascinés par ces oiseaux impressionnants, libres de leurs mouvements, les danseurs sont vite oubliés. C’est sans doute là où le bât blesse. Cette impression têtue que les danseurs en soient réduits à de la figuration, effacés par la fascination exercée par ces volatiles curieux de ce nouvel environnement. Il y a même une certaine frustration, les oiseaux partis, à découvrir combien la danse, comme mise à nu par cette absence, reste en deçà de son propre envol. Les danseurs comme désarmés soudain semblent tourner en rond, la danse quelque peu minimaliste s’épuisant d’elle-même très vite. Car la chorégraphie, à de rares et belles exceptions, semble contrainte à n’exister qu’au regard de ces grues blanches, manchonnée de noir, capuchonnées de rouge. Malgré un prologue comme une formidable promesse, la métamorphose singulière d’une danseuse fragile en oiseau, cette création sous le signe de l’animalité, se délite doucement, perd de son intensité, de son souffle.

Light Bird
Concept Luc Petton
Chorégraphie et mise en scène Marilén Iglesias-Breuker et Luc Petton
Assistant à la chorégraphie Philippe Ducou
Recherche en studio Sun-A Lee, Yura Park, Gilles Noël
Scénographie Patrick Bouchain
Musique Xavier Rosselle
Lumiières Philippe Berthomé
Costumes Sophie Jeandot
Consultant oiseaux Eric Bureau
Assistant lumières Grégoire de Lafond
Régie Plateau Yves Robbe
Réalisations décors Atelier Devineau
Oiseleur principal Pauline Folliot
Oiseleurs Dune Pokrovsky
Collaboration amicale de la philosophe Vinciane Despret
Avec : Suin-A Lee, Yura Park, Gilles Noël, Luc Petton, Xavier Rosselle
Et les grues de Mandchourie.

Du 5 au 13 mai 2015 à 19h

Théâtre National de Chaillot
1, place du Trocadéro – 75116 Paris
Réservations : 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr

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