Critiques // Lettre ouverte aux directeurs trop gavés de la culture

Lettre ouverte aux directeurs trop gavés de la culture

Mai 10, 2010 | Aucun commentaire sur Lettre ouverte aux directeurs trop gavés de la culture

Lettre ouverte aux directeurs trop gavés de la culture qui, l’index pointé sur leurs ombilics dédaigneux, rotent d’un effroi bourgeois, et cauchemardent d’être dépossédés des millions d’euros du service public alloués aux théâtres, en méprisant l’auteur, le poète, le comédien chômeur qui eux, ont déjà tout perdu.

Aujourd’hui, les directeurs de CDN et artistes d’état mis en place par la culture Française, manifestent et viennent témoigner des menaces qui pèsent actuellement sur leurs subventions (enfin, celles du contribuable). Ils osent se plaindre ces « indigents » des scènes nationales de leurs déséquilibres budgétaires. Ces « nécessiteux » sont vite alarmés s’ils perdent un petit million de leur dizaine de millions de leurs revenus d’état. Sans être à aucun moment concernés ou solidaire du « petit » comédien qui sollicite un rendez-vous, ce qui est normal, avec un metteur en scène directeur, dans les lieux cités plus haut. Ces messieurs du mépris sont invités à dire leur opinion, on leur donne des tribunes libres d’expressions dans des salles payées, une fois de plus, par l’argent public, alors que des comédiens sont censurés, chômeurs et réduits aux minimums sociaux pour les plus chanceux ou sans indemnité pour les plus défavorisés. Ces administrateurs hautains pensent que le théâtre où ils ont été nommés leur appartient à vie. Sans jamais dénoncer le scandaleux et Ubuesque manège des chaises musicales des nominations de directeurs de CDN en France. Car ils s’en accommodent tant qu’ils sont en place. Leur ambition est personnelle. Ils ne luttent pas contre un gouvernement anti-culture, mais pour eux-mêmes. Ce qu’ils reprochent à l’état, ils le font subir à plus petits qu’eux. Ils promettent des rencontres jamais tenues, ne répondent pas aux lettres et dossiers, ne prennent plus la peine de lire les textes des auteurs s’ils ne sont pas recommandés etc. Parlent d’un théâtre populaire qui n’existe pas ou alors les bourgeois théâtreux sont populaires. La parole du poète n’est plus au centre de la cité ; il survit dans les supermarchés en Père Noël désabusé par trop d’isolement. Car malheur à celui qui ne fait pas partie du petit clan des Verdurin ! Oui, le simple artiste est déjà à la rue et les nantis du théâtre n’ont rien fait pour le soutenir. Au contraire certains, évidemment pas tous, ont demandé des subventions en prétextant que des petites compagnies n’avaient pas assez de légitimité pour avoir une contribution qui servirait mieux le gros théâtre plutôt que le petit. Cela est honteux ! Alors messieurs les nantis, si vous voulez que l’on vous estime, si vous voulez que l’on vous soutienne, cessez votre arrogance et aidez les vraies richesses de l’art vivant c’est à dire les artistes musiciens, danseurs, comédiens, auteurs, poètes, les compagnies de théâtre ; au lieu de les laisser mourir, dans l’indifférence, à pole-emploi. Enfin, si vous parlez d’humanité soyez humain vous même. Venez voir la réalité ! Ne restez pas cachés dans vos théâtres protecteurs ? Sortez de ce cocon soyeux ! Venez rencontrer la vraie vie. Les vrais gens. Et non l’apparence bourgeoise d’un art qui tient plus du gavage des oies que de l’altruisme et de la liberté. La négligence de la classe des nantis a engendré dans certains pays la dictature, ne l’oublions pas.

Un comédien citoyen, Dashiell Donello

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