Critiques // « Les Perses » d’après Eschyle, mise en scène Olivier Py à l’Odéon

« Les Perses » d’après Eschyle, mise en scène Olivier Py à l’Odéon

Mai 23, 2011 | Aucun commentaire sur « Les Perses » d’après Eschyle, mise en scène Olivier Py à l’Odéon

Critique de Solveig Deschamps

« Franchir et faire franchir les murs »

Olivier Py, futur ancien directeur du Théâtre de l’Odéon et futur directeur du festival d’Avignon (on l’espère), nous convie à venir entendre Eschyle dans la salle Roger Blin du Théâtre de l’Odéon mais aussi dans les lycées, maison des associations, hôpitaux de jour…

Les Perses est le dernier volet de sa trilogie sur Eschyle. Trilogie itinérante pour trois comédiens, paroles qui ont traversées le temps traduites et adaptées par Olivier Py, une offrande au public.

© Alain Fonteray

Du côté de la défaite

Eschyle (526 av.JC – 456 av.JC) fait partie des grands tragiques grecs ; il aurait écrit une centaine de pièces, seules sept d’entre elles nous sont parvenues.
Les Perses est la seule tragédie liée à un fait historique. Eschyle a participé à la bataille de Salamine, bataille qui a balayé l’armée perse et qu’il relate dans cette pièce donnant la parole à l’ennemi vaincu.
La scène se passe à Suse, Xerxès fils du roi défunt est parti conquérir la Grèce. La reine, les conseillers, le peuple attendent des nouvelles, espèrent le retour des combattants, le messager arrive porteur de terribles nouvelles.

A l’état brut

Pas de décor, lumière du jour, cinq praticables qui traversent le salon Roger Blin, couloir de la tragédie, spectateurs attablés. Ils sont trois à déambuler palpables, porteurs du malheur, proférant le texte comme pour se mettre en distance, comme pour nous abasourdir, nous tellement proches, vision en contre plongée accentuant la monstruosité de la guerre, l’obscénité de l’être humain. Philippe Girard en est le coryphée et nous le chœur, acteur épique au regard transperçant, scandant le texte  de cette voix puissante et blanche qui le caractérise. Mireille Herbstmeyer en est la reine, figure tragique, Frédéric Giroutru  en est le messager, le fantôme du roi puis Xerxès, il restera toujours à l’entrée, c’est lui qui vit le drame, silhouette trop fragile et trop jeune .

Des rêves hantent mes nuits depuis le jour où mon fils
a levé son armée pour conquérir la Grèce
Mais j’ai fait cette nuit un rêve clair et vrai

Il faudrait pouvoir s’abstraire, fermer les yeux, oser  rire de ce  surplus de puissance qui nous épuise, s’imaginer le même texte, les mêmes acteurs sur un plateau immense et penser que là nous aurions été émus, nous aurions pu y mettre de la distance et nous laisser submerger. Pourtant il en reste une impression d’avoir pu sentir passer ce souffle du théâtre et de s’être laissé happer par ce qui semble être l’invulnérabilité  de ces femmes et hommes du théâtre qui les font parfois ressembler à des dieux antiques.

Les Perses
D’après : Eschyle
Adaptation et mise en scène : Olivier Py
Avec : Philippe Girard, Frédéric Giroutru, Mireille Herbstmeyer

Du 26 avril au 21 mai 2011

Odéon Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon, Paris 6e – Réservations 01 44 85 40 40
www.theatre-odeon.fr

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.