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« Les Mummenschanz, les musiciens du silence », au théâtre Antoine

Juil 08, 2015 | Commentaires fermés sur « Les Mummenschanz, les musiciens du silence », au théâtre Antoine

ƒƒ article de Denis sanglard

Mummenschanz 2© DR

Les Mummenschanz c’est un peu une madeleine de Proust. Un goût d’enfance, d’ORTF pour qui les découvrait au fil d’émission télévisée dans la lucarne. Voilà plus de quarante ans que cette compagnie, pionnière alors, entre mime et théâtre d’objet, parcourt le monde. « Objets inanimés avez-vous donc une âme ? » Surement oui pour ces poètes silencieux et sans visage. Succession rapide de saynètes qui s’enchainent et ne racontent rien d’autres que nos pulsions les plus secrètes, les plus primaires. Amour, haine, jalousie, joie, tristesse…avec trois fois rien, une simple feuille de papier, un carton déplié, quelques tuyaux, du ruban adhésif, du fil de fer, et même du papier-toilette. De ces matériaux bruts aux matières diverses, objets de métamorphoses inédites et surprenantes, animés de mouvements secrets, surgit une émotion, une poésie incroyable. Tuyau gentiment farceur et joueur de ballon, tutu de danseuse en un tour de main changé en hippocampe, boule de feutre affamée, fil de fer qui vous dessine un profil expressif et bavard… Ils osent même l’abstraction la plus nue qui voit un simple drapeau de papier bulle traverser, sculpter l’espace, devenir une étrange raie manta. Et le silence, juste le froissement des matières, pour musique. Rien de spectaculaire, pas d’effet, c’est d’une simplicité merveilleuse qui ouvre à l’imagination. On peut trouver cela désuet au regard d’autres compagnie « high-tech ». Mais ce furent des pionniers qui ont gardé aujourd’hui encore la même vitalité sans rien sacrifier à leur credo. Preuve en est que certains numéros, car il y a peu de nouveauté dans cette reprise, n’ont pas pris une ride et sont d’une portée universelle. Dans la salle, loin de leur tablette pour une fois éteinte, des enfants riaient aux éclats. Voilà, c’est tout simplement ludique, drôle, émouvant. Et si cela nous touche encore c’est que se dégage de cette création quelque chose de fragile et de précieux, une part d’enfance et d’humanité. Avec trois fois rien c’est-à-dire avec l’essentiel.

« Les Mummenschanz, les musiciens du silence »
Théâtre Antoine
14 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Du 3 au 12 juillet à 20h
Réservations : 01 42 08 77 71
www.theatre-antoine.com

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