Critiques // « Les Joyeuses Commères de Windsor » de Shakespeare à la Comédie Française (reprise)

« Les Joyeuses Commères de Windsor » de Shakespeare à la Comédie Française (reprise)

Fév 21, 2011 | Aucun commentaire sur « Les Joyeuses Commères de Windsor » de Shakespeare à la Comédie Française (reprise)

Critique de Dashiell Donello

La comédie « Les Joyeuses Commères de Windsor » de William Shakespeare fait une entrée déplorable et décevante, à la Comédie Française

La reine Elisabeth, dit-on, avait tellement aimé le personnage de Falstaff, qu’elle avait trouvé si délectable dans « Henri IV », qu’elle ordonna à Shakespeare de le faire réapparaître dans une autre pièce en amoureux. Le grand Will mit une quinzaine de jours pour terminer cette commande. Cela expliquerait le côté inégal de cette pièce que l’on dit secondaire dans l’œuvre du grand écrivain. On peut dire aussi, pour la défendre, que cette comédie si spécifiquement anglaise est intraduisible en français, nonobstant le talent de Jean-Michel Déprats et Jean-Pierre Richard.

La bonne scénographie de Beatriz San Juan représente la taverne de la Jarretière. Une charpente de bois, en surplomb, figure la maison des joyeuses épouses.  Dans la taverne les cris et les chansons mal dégrossies, par la fade mise en scène d’Andrés Lima, nous donne à entendre un désordre dissonant où l’on peine à entrer dans cette beuverie artificiellement jouée sur un plateau qui peu à peu deviendra une forêt hantée de personnages grotesques.

© Cosimo Mirco Magliocca

Le dupeur dupé

Pour résumer l’intrigue on peut dire que Falstaff, épicurien notoire, n’étant plus que l’ombre de lui-même et désargenté, entreprend de duper et de courtiser les épouses Duflot et Lepage par un stratagème épistolaire. Mais ces deux femmes sensées ne sont pas tombées de la dernière pluie, et vont vite contrecarrer les mauvais desseins  d’un Falstaff vieillissant et délaissé par ses compagnons de beuverie.

Le théâtre dans le théâtre n’est qu’une mauvaise méthode quand on l’emploie pour masquer les faiblesses d’une mise en scène pédante. C’est aussi mettre à vue les clichés et le jeu affecté ; quand la situation est déviée par la spoliation d’un metteur en scène qui se pense plus intelligent que l’auteur. Qui conçoit que les comédiens seraient supérieurs à leur personnage, et présage que son adaptation détient la vérité Shakespearienne. Des méprises qui prouvent malheureusement le contraire. Le dupeur dupé n’est pas celui que l’on croit. On aurait aimé moins de faste et plus de sincérité, moins de promesses et plus d’art dramatique et que le propos de théâtre soit à la hauteur de ce qui est écrit dans le programme. Car on n’a rien vu des supposés niveaux de compréhension. Ni le bon sens des uns. Ni l’incarnation des autres, et encore moins une comédie aimable. On peut dire avec les Rolling Stones : « I can’t get no satisfaction ».

Les Joyeuses Commères de Windsor (Reprise)
De : William Shakespeare
Texte français de : Jean-Michel Déprats et Jean-Pierre Richard
Mise en scène : Andrés Lima
Avec : Claude Mathieu, Catherine Sauval, Grégory Gadebois, Andrzej Seweryn, Cécile Brune, Bruno Raffaelli, Christian Blanc, Alexandre Pavloff, Céline Samie, Gilles David, Christian Cloarec, Bakary Sangaré, Loïc Corbery, Jérémy Lopez, Serge Bagdassarian, Benjamin Jungers, Christian Hecq, Georgia Scalliet
Assistante à la mise en scène et interprète : Amaya Lainez
Scénographie : Beatriz San Juan
Costumes : Renato Bianchi
Lumières : Dominique Borrini
Adaptations et musique originale : Vincent Leterme

Du 15 février au 22 mai 2011

Comédie Française
Place Collette, 75 001 Paris – Salle Richelieu
www.comedie-francaise.fr


Voir aussi :
L’article de Bruno Deslot

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