Critique de Solveig Deschamps –

Un peu de Turakie, ça peut faire de mal à personne

Depuis 1985 Michel Laubu nous convie régulièrement au pays de Turak, petite île sortie de ses désirs de théâtre, il y est le poète, le détourneur d’objets, le marionnettiste, le sculpteur, le grand manie – tout , il nous donne à voir, à entendre ce qu’il a dans la tête, il nous convie chez lui.
our sa dernière création, il nous ouvre les fenêtres d’une maison de Turakie. Dans cette maison un habitant, homme étrange à collerette, marionnette faisant corps avec Laubu, insulaire seul, mis à part le chat, le répondeur qui s’enraye et les infos à la radio.

© Turak Théâtre

Ça fleure bon la Turakie

Le spectacle n’a pas encore commencé mais on devine des tas de choses, à ne pas savoir où poser l’œil. Trois radiateurs électriques avec des plantes et des bottes en caoutchouc, une grande table à nappe blanche avec des assiettes et des couverts, un vieux meuble, un sèche cheveu, un fil pour le linge avec des chaussettes, un drap et une chemise qui sèchent, à cour et à jardin des instruments de musique, il y a aussi un seau avec des rouleaux de peinture, des cailloux galets, vestige de l’été à moins qu’on ne soit au bord de la mer… Il est de ces spectacles dont on sent avant même que ça commence que ça va être joli…

Vous n’avez pas de nouveau message

La solitude, il la comble cet habitant de Turakie avec les papiers administratifs qui finissent à la poubelle, avec le chat qui ronronne, avec la musique et en regardant par la fenêtre. Chez lui, il y a un peu de Jacques Tati, de Walt Disney et beaucoup de Laubu…

© Turak Théâtre

Une très belle composition musicale de Rodolphe Burger et Laurent Vichard, doux mélange de jazz, de rock et de bruitage… Frédéric Roudet et Laurent Vichard tenant le fil de cet univers avec trompette, tuba, trombone… Des petits films d’animation projetés sur le drap qui sèche, petits bijoux concoctés par Maximilien Dumesnil… Et les lampes à dessin à bras articulé qui éclairent le plateau, jolie lumière de Timothy Marozzi. Tout est bien mais…

La Turakie risque de disparaître sous les eaux

C’est ce que dit la radio… et pourtant rien ne se passe vraiment, le temps semble s’être un peu arrêté et on commence un peu à s’ennuyer, c’était bien parti, on avait envie d’entrer dans l’histoire et malheureusement on n’y entre pas par manque de dramaturgie même si il y a toujours l’univers turakien qui nous enveloppe on commence à ne plus rien y comprendre, à s’y désintéresser, comme si la Turakie n’avait rien à nous livrer, on sort déçu comme quand on revoit la maison de nos vacances d’enfant et qu’on la trouve beaucoup plus petite que dans notre souvenir.

Les Fenêtres Eclairées
De : Michel Laubu
Par : le Turak Théâtre
Mise en scène : Michel Laubu en complicité avec Emili Hufnagel
Direction musicale : Rodolphe Burger et Laurent Vichard
Acteurs musiciens : Michel Laubu – Frédéric Roudet – Laurent Vichard
Manipulateurs : Emili Hufnagel- Marie Pierre Pirson
Régie plateau : Priscille du manoir
Lumière : Timothy Marozzi
Son : Hélène Kieffer
Construction décor et personnages : Emmeline Beaussier- Charly Frénéa, Priscille du Manoir- Joseph Paillard
Costumes : Natache Costechareire
Vidéo : Maximilien Dumesnil

Du 24 mars au 3 avril 2010
Dans le cadre du Festival Vi(ll)es

Théâtre Gérard Philipe
59 boulevard Jules Guesdes, 93 200 Saint Denis – Réservations 01 48 13 70 00
www.theatregerardphilipe.com

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