Critique d’Evariste Lago –
« Ces bonnes sont des monstres comme nous-mêmes quand nous nous rêvons ceci ou cela. »
Jean Genêt
La pièce raconte donc l’histoire de deux monstres, deux bonnes, qui jouent aux princesses et qui se rêvent les assassines de « Madame », leur maitresse. Elles montent un plan machiavélique pour faire incarcérer « Monsieur » le mari de « Madame », mais n’osent achever leur plan d’étranglement ne pouvant « relever le drap que sa poitrine soulevait » et finissent par vouloir l’empoissonner au gardénal, mais trop tard.
La pièce est présentée par le Théâtre A, une compagnie indépendante d’Ile-de-France fondée en 1998, codirigé par un collectif d’artistes (Armel Veilhan, Marie Fortuit, Violaine Phavorin…) qui vient d’investir un nouveau lieu aux Lilas (93).
Les choix de la mise en scène d’Armel Veilhan et Serge Gaborieau sont audacieux : ils se détachent des nombreuses didascalies de l’auteur pour mieux s’approprier l’espace et le texte. Ils brisent ainsi l’unité de lieu de l’œuvre en séparant l’espace des bonnes, figurant une mansarde, et l’espace de madame, modelant une chambre luxueuse. La scénographie et les lumières, également très importantes, participent à la division de la pièce en actes et en différents lieux et concourent à donner un aspect effrayant au texte.
Texte dont les trois comédiennes, Marie Fortuit, Violaine Phavorin et Odile Mallet, restituent toute la beauté mais aussi l’horreur grâce à leur éloquence. On regrettera néanmoins les manques d’audace et de sexe dans le jeu, ici seulement esquissés, qui privent de faire naître dans la salle un malaise. Ce malaise, préconisé par l’auteur, aurait eu pour but de faire réagir le public en lui exposant l’horreur de l’être humain. Marie Fortuit, Violaine Phavorin et Odile Mallet savent cependant tituber, marcher furtivement et donner du sens à leurs personnages : « ces bonnes sont des monstres ».
Les Bonnes
De : Jean Genêt
Mise en scène : Armel Veilhan et Serge Gaborieau
Scénographie et lumières : Jacques–Benoît Dardant
Avec : Marie Fortuit, Violaine Phavorin et Odile MalletDu 9 au 28 mai 2011
au Théâtre A
43, rue du Coq Français – 93260 Les Lilas – 09 81 12 03 00
www.theatrea.frDu 22 juin au 27 août, prolongations jusqu’au 29 octobre 2011
Prolongations du 31 août au 29 octobre 2011 / du mardi au samedi à 18h30Reprise du 11 juillet au 1er Septembre 2012, à la même heure et dans la même salle : au Théâtre Noir du mardi au samedi à 18h30.
au Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs, 75 006 Paris – 01 42 22 26 50
www.lucernaire.fr