Critique d’Audren Destin –

Au théâtre, comme dans tous les arts ou plus généralement comme dans la vie, il y a des principes, des idées maîtresses, fondatrices, grâce auxquelles nous pouvons avancer, trouver notre chemin à travers le brouillard, balayer les doutes et les peurs. L’idée forte sur laquelle, me semble-t-il, Eric Métayer s’est appuyé pour construire sa mise en scène des 39 Marches est la suivante : au théâtre, tout est possible.

© Lot

Richard Hannay est las, la vie londonienne lui pèse et rien ne semble pouvoir altérer son flegme et son ennui.

C’est ainsi que débute l’histoire. Notre héros, Richard Hanney, traverse une mauvaise passe. Il décide alors, dans un ultime effort pour tromper l’ennui, de se rendre au théâtre (est-ce pour suggérer qu’il faut combattre la mal par le mal ?). A partir de là les choses s’accélèrent et après une suite d’événements improbables, Richard se retrouve chez lui quelques heures plus tard avec le cadavre d’une femme dont il ne sait que faire. Situation pour le moins embarrassante. Il va alors fuir et partir à la recherche des coupables dans le but de se faire disculper et de déjouer un terrible complot visant le royaume.

L’Ecosse, sa lande, son lac, son monstre et ses cigales.

© Lot

Dans cette adaptation du roman de John Buchan et du film d’Alfred Hitchcock, le pari à relever pour Eric Métayer était de taille. Comment, avec quatre comédiens, interpréter environ 150 rôles, parvenant ainsi à des sommets de loufoquerie, sans jamais rien sacrifier de l’action ?

Eric Métayer, superbe dans le rôle du marécage !

Pour arriver à cette prouesse, tous les délires sont permis. C’est un véritable numéro de clown policier. Avec très peu, ils arrivent à faire énormément. Richard quitte Londres par le train pour rejoindre la lande écossaise. Courses poursuites, bagarres, rencontre d’un couple de fermiers, passage au commissariat, fuite en compagnie d’une belle jeune femme, monstre du Loch Ness ; tout en étant une parodie et en laissant la part belle au comique de l’absurde, la mise en scène reste fidèle au déroulement de l’intrigue et à l’enchaînement des situations. Tout est travail d’imagination, d’inventivité et la mécanique est fluide. Eric Métayer et son équipe ont réussi le pari d’interpréter tous les rôles sans perdre le spectateur. Le public est conquis et les éclats de rires ne cessent du début à la fin.

Les 39 Marches
De : John Buchan et Alfred Hitchcock
Adaptation : Patrick Barlow
Conception originale : Simon Corble et Nobby Dimon
Adaptation française : Gérald Sibleyras
Mise en scène : Eric Métayer
Avec : Eric Métayer, Jean-Philippe Beche, Herrade Von Meier et Christophe Laubion
Décor : Nils Zachariasen
Lumières : Philippe Quillet
Son : Vincent Lustaud

Du 16 septembre au 30 octobre 2010
Reprise du 30 septembre au 30 décembre 2011

Théâtre La Bruyère
5 rue La Bruyère, 75009 Paris – 01 48 74 76 99
www.theatrelabruyere.com

Voir aussi :
L’article de Bettina Jacquemin

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