ƒ Lecture Djalila Dechache
Christophe Honoré, scénariste, réalisateur de films, de clips musicaux, et auteur dramatique, il écrit et met en scène pour le théâtre. Pour ses romans, il s’est d’abord singularisé par ses romans Jeunesse publiés à l’Ecole des loisirs.
Il propose une réflexion sur le monde désenchanté de la jeunesse et son corollaire, la mise à nu à mort. Cette question revient de temps à autre sur les écrans et les textes et malheureusement de plus en plus souvent lorsque certains s’adonnent à des rites morbides mêlant sexualité, alcool et désœuvrement à finalité dramatique. Pire, certains cette dérive comme solution à leur souffrance, comme une délivrance à leur mal être. « L’Apocalypse est universelle, mais elle se joue aussi et surtout sur des choses très intimes ».
Pour La Faculté, texte de commande pour Eric Vignier qui a signé la mise en scène en 2012, l’action prend corps sur un campus universitaire où un crime a été commis. Ahmed, la victime, a succombé à des coups par trois de ses camarades. On pense au crime raciste, mais le texte s’articule autour du drame de l’homosexualité mais pas seulement. Le tué est marocain, dealer et homosexuel. Le lien avec Genêt ne fait pas un pli mais « tout le monde n’est pas Cézanne » comme dit le poète.
« Je suis plutôt un cinéaste de ruines, de l’après. C’est notamment ce que je ressens fortement par rapport à l’irruption du sida dans l’histoire et son impact sur une génération qui a compté pour moi. Le manque absolu des gens qui m’ont donné envie d’être artiste – Guibert, Koltès, Demy, Daney » (C. Honoré, Les inrocks 04 /02/2012).
Un jeune se tue, pièce puisée dans les faits divers que Christophe Honoré a écrite pour les élèves de l’école de la Comédie de Saint Etienne, « J’ai cru dans l’écriture d’une pièce où le réel serait à profaner. » dit-il, aborde clairement comme son titre la mort des jeunes, les excès, l’alcool, le mal-vivre entre désarroi et deuil, la vengeance, le sexe à en mourir. Mise en scène en 2012 par Robert Cantarella qui dit que : « c’est une romance terrible dont le sujet est l’amour, la mort et les fantômes. C’est une pièce sur les revenants comme nous l’avons dit après la première lecture et qui je le pense inaugure un théâtre d’après l’ironie, d’après le cynisme, d’après le règlement de comptes aux formes du passé, tout en jouant et en les articulant d’une autre manière. La pièce en cela est romantique et baroque ». On peut regretter que les personnages de C. Honoré n’aient pas de révolte, celle qui pourrait envisager un monde à construire, la révolte qui permet les possibles.
La faculté suivie de Un jeune se tue de Christophe Honoré
Actes-Sud Papiers, 2012, 98p, 15.50€.
http://actes-sud.fr/