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Lecture • « La fuite » Gao Xingjian chez Lansman Éditeur

Mar 01, 2014 | Aucun commentaire sur Lecture • « La fuite » Gao Xingjian chez Lansman Éditeur

ƒƒArticle Dashiell Donello

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Une place au crépuscule. Les ténèbres ont la voix des fusils. Les tanks, à grand bruit, roulent sur le bitume. À quelques pas de là, la porte ouverte d’un entrepôt désaffecté laisse passer la lumière blafarde d’un lampadaire de mauvais augure. À l’intérieur, un étudiant, un homme d’âge mûr et une jeune actrice se cachent après avoir fui la répression martiale. Commence alors un huis clos où la sensualité, la peur et la suspicion vont se confronter aux pensées contradictoires de ce trio formé par le chaos d’une société en plein conflit.

Avec sa pièce La fuite (1992), Gao Xingjian nous parle du dilemme et de la solitude de l’écrivain face aux événements mettant en scène le politique et l’individu.

La fuite est au-dessus d’un objectif critique. L’auteur, d’ailleurs, ne semble pas se revendiquer comme un combattant absolu. Ici nulle prophétie, mais la réalité de ce qui s’accomplit avec l’écriture à froid d’un auteur témoin de son temps. C’est à ce prix que Gao Xingjian a écrit La fuite, lui qui a subi l’exil en pensant ne jamais revenir un jour en Chine.

Pour voir l’homme dans sa complexité, Gao Xingjian revendique la pesée lucide du bien et du vrai, du mal et du faux dans la balance de l’observation. À la lecture de la pièce, on pense bien sûr à « Tank man », cet étudiant devenu le symbole de la résistance en bloquant sur la place Tian’anmen, en 1989, une colonne de chars.

D’aucuns penseront que l’auteur ne s’engage pas et veut rester neutre, mais on pourrait dire aussi que son expérience du communisme chinois l’a ouvert à une réflexion pacifique sur la force de la non-violence.

L’auteur : de père banquier et de mère actrice, qui l’encourage dans son art, Gao Xingjian fait des études supérieures de français à Pékin et devient traducteur. Pendant la révolution culturelle, il est envoyé pendant cinq ans en camp de rééducation, et ce n’est qu’en 1979 qu’il peut publier et voyager. En Chine, dans les années quatre-vingt, il s’impose comme l’un des pionniers de l’avant-garde dramatique et littéraire chinoise : il publie des nouvelles, des essais, de nombreuses pièces de théâtre ainsi que quatre romans. À la fois attaché aux traditions de son pays – qui a pourtant censuré certains de ses écrits – et résolument progressiste et libertaire, Gao Xingjian écrit d’une façon très moderne. En 1995, il publie le magistral roman La Montagne de l’âme, pour lequel il reçoit le prix Nobel de littérature en 2000.
 

La fuite
Xingjian Gao

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