ƒ Lecture Dashiell Donello

Les ateliers d’écriture ont fleuri, comme du chiendent dans la prairie de la cité, avec une certaine réussite, de l’école jusqu’à l’université. Si la source vient des Etats-Unis, on peut dire qu’en France  Raymond Queneau a été le précurseur d’un atelier de littérature dans les années soixante avec « l’ouvroir de littérature potentielle » dit Oulipo. On y faisait des expérimentations littéraires avec pour règle la contrainte. Un exemple cité, dans L’atelier d’écriture théâtrale[1] de Joseph Danan et Jean-Pierre Sarrazac, est le texte de Georges Perec La Disparition (1969), roman écrit sur la disparition de la lettre « e ». Ce qui donne une idée du niveau de la difficulté. Un exercice de style d’une maestria mémorable.

Mais avant d’arriver à un tel niveau, il faut acquérir quelques principes simples : chez Jean-Pierre Sarrazac les cueillettes et l’enquête dans un travail à la fois collectif et individuel. Il anime l’atelier comme le coryphée d’un chœur divergent (fait d’individualités) au contraire d’un chœur antique uniformisé. L’emploi du «  si magique » emprunté au vocabulaire de Stanislavski[2]. Par exemple : « Et si l’action avait lieu en Angleterre plutôt qu’en France ? Ensuite, la rédaction de fiches personnages, la conversation volée, le proverbe dramatique, les tarots dramaturgiques etc. Les « écrivants » auront ainsi un parcours à travers une famille d’exercices qui donneront le déclic à l’écriture dramatique.

Chez Joseph Danan un exercice de démarrage s’est imposé avec les années de pratique : l’autoportrait ou « autoportrait à chaud » cueilli chez Mustapha Aouar, l’initiateur des « Bocaux » à Gare au théâtre. Il travaille souvent avec des œuvres récentes qui viennent d’être publiées. Le jeu d’écriture consiste à écrire à partir d’un titre, d’une première réplique. Puis des bifurcations sont suggérées, jusqu’à la transposition contemporaine d’un texte antique. Ou encore en des exercices d’écriture non dramatique : le je me souviens de Perec, j’aime, je n’aime pas de Barthes, la photographie etc.

Le propos de cet ouvrage est d’en finir (peut-être) avec la page blanche. Car écrire ne s’apprend pas. L’objectif est l’écriture par l’écriture. L’aspirant écrivain doit se lancer un défi pour aller dans son livre intérieur. S’ôter toute crainte de se lire à haute voix, révéler l’écrivain qui dort en lui, en éprouvant les contraintes. Il n’y a pas d’atelier d’écriture dramatique rêvé. Il n’y a que le rêve d’un écrivain en devenir. Ce n’est pas un livre de recettes infaillibles où de nouveaux dramaturges vont naitre à la littérature. C’est plutôt l’idée de deux expériences d’écrivains qui entrecroisent leur point de vue avec tout ce qui les rapproche, mais aussi tout ce qui les éloigne. Et c’est tant mieux. L’écriture dramatique est dans cette ramification où la fiction côtoie la vie, le rêve, avec tous ses possibles. La seule certitude c’est qu’il faut aller à la table jusqu’à l’user pour trouver le chemin d’encre, car rien n’existe sans travail. L’auteur doit naître de ce labeur sans cesse réédité pour être lu.

L’Atelier d’Écriture Théâtrale est un ouvrage utile pour le pédagogue des belles-lettres, l’étudiant, l’écrivain et toute personne aimant la littérature dramatique, car tout écrivain est avant tout un lecteur et un spectateur.

L’Atelier d’Écriture Théâtrale
Joseph Danan Jean-Pierre Sarrazac
Actes Sud ~ Papiers
Collection Apprendre
18, rue Séguier
75006 Paris
Téléphone : 01 55 42 63 00
 Fax : 01 44 42 63 01
http://www.actes-sud.fr

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[1] Actes Sud ­~ Papiers
[2] Stanislavski, comédien, metteur en scène, pédagogue

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