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Lecture. « Allers/Retours » (1993-2011) Jean-Louis Martinelli chez Actes sud

Juil 02, 2012 | Aucun commentaire sur Lecture. « Allers/Retours » (1993-2011) Jean-Louis Martinelli chez Actes sud

Lecture Dashiell Donello

Montaigne disait jadis : Les voyages en pays étrangers rapportent les humeurs et les façons qu’ont ces nations de frotter et de limer notre cervelle contre celle d’autrui.

Voyager, c’est aller à la découverte, penser, manger, vivre autrement, en accumulant les bonnes et mauvaises rencontres, les joies et désagréments. Cela nous rend plus riche de connaissances, nous initient à la vie. En cette manière d’exploration plus nous allons loin, plus nous pratiquons des us et coutumes inconnues, plus nous pourrons raconter l’esprit universel de notre bonne vieille planète. C’est une école de la route qui nous forme, d’un pôle à l’autre, et nous apprend à connaître l’homme dans son intégrité. Cependant urbi et orbi, le sage côtoie le con. Ici on est surpris, ailleurs proche de l’indignation. Très vite le confort et les préjugés occidentaux fondent comme neige au soleil face à la réalité d’autrui. On apprend aussi à éprouver son caractère, sa tolérance à comprendre, connaître ses limites, et surtout à aimer ce qui est essentiel.

« Allers/Retours » est un carnet de route, un journal de rencontres. Martinelli échange avec les autochtones des pays visités, les éruditions et techniques qu’il découvre et qui l’étonnent. L’homme de théâtre voit son art se faire et se penser par les enjeux du monde. Jean-Louis Martinelli a été invité en tant que metteur en scène dans de nombreux pays. Il nous ouvre son livre de voyageur de l’Arménie à la Suède au Burkina Faso via l’Iran, pour finir ses pérégrinations en Égypte.

De retour en France Jean-Louis Martinelli revoit avec distance  l’onde de choc projetée, à fleur d’esprit, des images fortes de tous ces voyages : «  (…) les visages familiers de ces jours, les odeurs, le temps d’Erevan, son écoulement, la couleur des bouteilles de cognac, les rues sans lumière, l’hôtel sans eau chaude, l’essence en jerricane sur les bas-côtés des routes, les coupures de courant lors des spectacles (…) Ces représentations, ces répétitions organisées à notre seule intention. » Note-t-il dans son carnet de voyage.

Comme une valise défaite d’où sortirait des voix, des impressions mêlées affluent de son séjour Arménien. Il va, en se frottant à d’autres visions du monde, se voir lui-même en découvrant un semblable sans caricatures, ni clichés, comme ce semblable le verra sans baguette sous le bras, ni béret. Alors se pose la question du spectacle ? Car on sait que le spectacle n’engendrera pas une émotion comparable à celle ressentie dans un bureau de nouveau alimenté en électricité. Autre lieu, autre réalité. En suède il rencontre Lars Norén qui lui dit lors d’un entretien où Martinelli s’étonnait de ne voir aucun livre chez lui : « (…) un livre lu est un livre mort et je ne souhaite pas vivre entouré de cercueils. »

À Bobo Dioulasso Jean-Louis Martinelli met en scène Médée de Max Rouquette dans une tension palpable où la pièce met en échos  des cultures différentes avec des priorités antinomiques.

La fin du voyage a pour horizon le Caire.  Cette dernière escale nous parle de son amitié avec Alaa El Aswany qui s’est forgée en 2011 quand Martinelli a monté l’adaptation de son roman « Chicago » (Actes Sud, 2007), où deux mondes se font face avec une étrange résonance avec son livre, comme vous pourrez le lire dans «  Allers/ Retours (1993-2011) ».

Allers/ Retours (1993-2011 )
Jean-Louis Martinelli
Préface de Laurent Gaudé
Postface de Jean-François Perrier

Actes Sud
18, rue Séguier
75006 Paris
Tél : 01 55 42 63 00
www.actes-sud.fr

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