Critiques // Le « Violoncelle sur Canapé » de Cécile Girard à l’Aktéon

Le « Violoncelle sur Canapé » de Cécile Girard à l’Aktéon

Déc 07, 2010 | Aucun commentaire sur Le « Violoncelle sur Canapé » de Cécile Girard à l’Aktéon

Critique d’Ottavia Locchi

Cécile Girard nous parle simplement d’elle, de la musique, de sa musique, et de son violoncelle. Ses interventions sont ponctuées de petites anecdotes délicieuses, qu’elle marie avec une simplicité toute naturelle. Nino Rota et Genesis se rangent côte à côte sans malice, et c’est assez facilement que la violoncelliste prend ses aises en scène pour nous chanter un air celtique issu de « Lord of the Dance » ou improviser sur un mot du dictionnaire.

Le moment musical proposé par Cécile Girard est un petit bijou de poésie. Son humilité et la sympathie qu’elle inspire aisément nous transporte dans ses mondes aussi différents les uns que les autres. Sans hésiter à chanter ou jouer sur une bande sonore, la sobriété de sa performance tout en douceur trouvera amateur à quiconque prêtera l’oreille.

© H. Cleret

Cependant quelques connaisseurs trouveront à redire de sa performance globale. Le violoncelle, certes son instrument de prédilection, perd de son ampleur et de sa majesté quand dame Cécile se met à chanter… La faiblesse de sa voix amène hélas à en vouloir plus. Le fait de chanter juste et d’avoir un joli petit timbre ne suffit pas toujours pour assurer des chansons comme « Amsterdam » ! Si Jacques Brel n’aimait pas cette chanson, il en fut tout de même l’auteur et l’interprète qui fait valser follement les marins jusqu’au tourbillon des dernières paroles. Avec un violoncelle qui retranscrit péniblement les accords façon guitare, la voie et la voix étaient libres de rester simple et douce. Mais Cécile Girard n’est pas la seule à tomber dans ce piège qu’est l’imitation involontaire. Toutefois, cette réorchestration convient bien à Georges Brassens (même si l’accompagnement du violoncelle tourne en rond) ou à ses charmantes petites chansons à texte quelque peu cabotines.
Côté classique, on les révise ! De Bach à Pink Floyd, de la première suite pour violoncelle ou la Gavotte de la 5e suite pour aller jusqu’à « Shine on you crazy diamond » en passant par un air irlandais, le violoncelle est le fil doré sur lequel se repose toute la performance. Il faut être bien exigeant pour avoir à redire de ses interprétations ! De plus, sa composition à partir du texte « Le Funambule » de Jean Genêt est tout simplement magnifique, et ne ressemble ni à Bach, ni à Pink Floyd !

Bon, on savait déjà qu’avec un instrument on pouvait faire plein de musiques disparates. Mais ce qui a échappé à Cécile Girard, c’est que ce qui se dégageait de son spectacle, en dehors du florilège musical, c’est elle. Car le côté scénique de Cécile tape à l’œil. Cette jolie femme souriante transmet plus qu’elle ne le croit, et sa sensibilité se dégage de sa voix sans peine. En gardant toujours une petite touche d’humour, elle réussit à emmener exactement où elle veut le public charmé. Sobre mais pas trop, elle prend à parti le public comme des amis et se confie avec légèreté. Sa sensibilité artistique est mise en avant, nue, et nous offre les plaisirs auditifs dont elle raffole depuis son adolescence.

« Violoncelle sur Canapé » est un moment musical à savourer comme un buffet apéritif constitué de différentes saveurs. La diversité culturelle de ce spectacle en est la richesse, et il est rare de voir un musicien partager ses appétits musicaux avec autant de fraîcheur.

Violoncelle sur canapé
Écriture et interprétation : Cécile Girard
Mise en scène : Damien Bricoteaux
Lumières : Anne Coudret

Du 4 décembre 2010 au 20 mars 2011

Aktéon Théâtre
11 rue du Général Blaise, 75 011 Paris – Réservations 01 43 38 74 62
www.akteon.fr


Cd « Sur un fil doré » disponible

www.cecile-girard.org

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