Critiques // « Le triomphe de l’amour » de Marivaux mis en scène par Jacques Osinski

« Le triomphe de l’amour » de Marivaux mis en scène par Jacques Osinski

Oct 09, 2010 | Aucun commentaire sur « Le triomphe de l’amour » de Marivaux mis en scène par Jacques Osinski

Critique d’Audren Destin

Qu’est-ce que c’est que cet homme et cette femme qu’ils représentent ? Que signifie la mascarade où nous sommes ? Que nous importent les jardins d’Hermocrate ? Que voulez-vous faire de lui ? Que voulez-vous faire de moi ? Où allons-nous ? Que deviendrons-nous ? A quoi tout cela aboutira-t-il ? Je ne saurais le savoir trop tôt, car je m’en meurs.

Cette réplique de Corinne dans la première scène du Triomphe de l’amour, je la reprends à mon compte. Oui, parfois je doute, parfois je suffoque, parfois je meurs ! Revenons en arrière. Je suis assis, j’attends, derrière moi deux cranes chauves discutent du licenciement d’un de leur camarade, les gens cherchent leur place, la trouve, envoient un dernier texto, éteignent leur portable et puis la lumière baisse peu à peu, le silence s’installe, mesdames et messieurs le spectacle va commencer !

Le triomphe de l’amour est une comédie légère où la femme détient le pouvoir. Léonide, princesse de Sparte, mais qui sait son titre usurpé, tombe amoureuse d’Agis, le prince légitime. Ce dernier vit caché chez le philosophe Hermocrate et sa sœur Léontine. Ils vivent retirés du monde et méprisent l’amour. Léonide ne peut se présenter à Agis sous son vrai nom et s’introduit donc chez Hermocrate déguisée en homme. Pour parvenir à ses fins, elle devra, en plus d’Agis, séduire également Hérmocrate et sa sœur Léontine. Finalement elle épousera Agis et lui rendra son trône, l’amour vrai triomphera de l’amour faux.

Y’a t-il un metteur en scène dans la salle ?

C’est une question qu’on peut légitimement se poser. Heureusement nous ne sommes pas à 3000 mètres d’altitude et qu’il y en ait un ou non, nous rentrerons tous sain et sauf à la maison (pour ceux qui en ont une bien sûr). Ca ne décolle pas mais ça file à toute vitesse. Le premier devoir du comédien, me semble t-il, est de captiver l’attention du public, de l’emmener d’un point à un autre, d’un problème à sa résolution ou a un autre problème,  mais dans ce « triomphe », les comédiens déballent leur texte et partent à toute vitesse on ne sait où laissant derrière le spectateur démuni et perdu. Si il y a des rires, il y’en a peu. Le jardinier se démène comme il peut pour égayer l’ambiance mais enfin tout ceci reste tout de même très crispé. Le jeu est minimal et les corps raidis ont l’air de chercher leur place. Le metteur en scène qui cherchait l’équilibre entre le plaisir du jeu et la vérité des sentiments laisse le spectateur unijambiste et je peux vous dire qu’une heure et demie sur une seule jambe, ça fatigue.

Dernier point fort du spectacle, les décors. Deux grands panneaux en bois, une ouverture sur quelques plantes, derrière un fond bleu, superbe.

Jacques Osinski voudrait que la pièce soit « comme un rêve » pour les spectateurs. Le problème des rêves, c’est qu’on n’y comprend rien et que la plupart du temps on ne s’en souvient pas.

Le Triomphe de l’Amour
De : Marivaux
Mise en scène : Jacques Osinski
Avec : Julien Allouf, Aline Le Berre, Maud Le Grévellec, Alice Le Strat, Rémi Roubakha, Stanislas Sauphanor, Arnaud Simon
Scénographie : Lionel Acat
Costumes : Christophe Ouvrard
Lumière : Catherine Verheyde
Collaboration artistique : Alexandre Plank

Du 6 au 17 octobre 2010

Théâtre de l’Ouest Parisien
1 place Bernard Palissy, 92 100 Boulogne-Billancourt – 01 46 03 60 44
www.top-bb.fr

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