Critiques // « Le soir, des lions… », le spectacle de François Morel

« Le soir, des lions… », le spectacle de François Morel

Mai 29, 2010 | Aucun commentaire sur « Le soir, des lions… », le spectacle de François Morel

Critique de Denis Sanglard

Et rugir de plaisir !

Ah quel bonheur ! François Morel fait partie du patrimoine français, au même titre que notre camembert ou notre deux-chevaux. Il faudrait lui donner l’AOC ! Petit fils de Charles Trenet et fils de Bourvil, frère de l’ogresse Juliette, il donne un récital mise en scène par icelle au théâtre du Rond-Point.

© Brigitte Enguerand

François Morel ne fait pas le chanteur, il est chanteur. Auteur de chroniques douces-amères qui épinglent notre époque foutraque et mal en point, mal barrée. Pour ceux qui ne voit en lui que l’éternel monsieur Morel des Deschiens, de Lapin-Chasseur à C’est Magnifique, et même s’il en joue un tout petit peu comme un clin d’œil plein de délicatesse et de reconnaissance, il suffit d’écouter son dernier opus un soir, des lions… pour comprendre que le bonhomme est un grand monsieur du théâtre et de la chanson. Difficile en effet de dissocier les deux. C’est un acteur qui chante ou un chanteur qui joue ? Les deux mon général. Et pour corser le tout d’avoir confié la mise en scène à Juliette, immense chanteuse et compositrice, relève non d’un pari osé mais d’une évidence. Ces deux là qui déjà collaborèrent ensemble (Un duo nuptial mémère dans les orties et une  chanson désormais -enfin pour moi- culte lapins), amoureux du music hall, ne pouvaient que continuer l‘aventure sur scène. Ce qu’à parfaitement compris Juliette c’est que François Morel est en scène chez lui. Aussi sommes nous reçus dans ce qui tient d’une loge, d’un grenier, d’une baraque de foire où François Morel se rase, écoute France-Inter, s’habille, va et vient. Et chante. L’intelligence et la tenue de ce récital tient de sa progression impeccable. Si l’on rit très vite cela s’assombrit. François Morel est un fin observateur de notre temps déliquescent. Mais la délicatesse de François Morel, sa pudeur sans aucun doute, lui interdit de s’appesantir. Toujours l’humour l’emporte. Même si soudain nous sommes cueillis à froid, quand tombe soudain Fatiguée juste après Cas sociaux, ou Il était un petit homme.

© Brigitte Enguerand

S’il se défend de vouloir polémiquer, François Morel s’inscrit de fait dans la chanson engagée mais de celles que chantaient Montéhus, Jehan-Rictus, Fréhel, Marianne Oswald. Qu’il reprenne Brassens (La noce) n’a en soi rien d’anormal. Comme terminer par Mourir sur scène de Dalida. C’est affirmer tête haute, dans un cas comme dans l’autre, être un chanteur populaire. Chaque chanson est délicatement mise en scène, par petite touche, comme autant de vignettes, de chroniques. On y parle certes de François Morel (faut pas exagérer, C’est pas), des amis encombrants (Eloge de la lecture), de Dieu (le bon Dieu entre nous) de l’utilisation érotique du GPS (par la voix de Yolande Moreau), de bassine (ce qui nous vaut un ballet « decouflesque »), d’épouvantail… Un inventaire à la Prévert, l’oncle de la famille qui passait sans doute par là ! Mais François Morel n’est pas venu seul.

L’accompagnent trois musiciens, complices et partenaires avec lesquels il joue. Musiciens qui donnent une touche résolument cabaret et music hall avec force de trombone, saxo, percussions multiples et le pianiste, l’indispensable pianiste ludion souffre douleur et tête de turc…Qui lui seul pose une question primordiale « Qu’est devenu Teddy Vrignault ? » C’est vrai ça, qu’est devenu Teddy Vrignault ?

Le soir, des lions…
Textes et interprétation des chansons : François Morel
Mise en scène : Juliette
Musiques : Reinhardt Wagner et Antoine Sahler
Musiciens : Antoine Sahler, Lisa Cat-Berro, Muriel Gastebois
Lumières : Gaëlle de Malglaive, assistée d’Alain Paradis
Décors : Nils Zachariasen
Costumes : Pascale Bordet assistée de Caroline Martel
Son : Yoan Corchia

Du 26 mai au 27 juin 2010
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D.Roosevelt, 75 008 Paris
www.theatredurondpoint.fr

Du 17 au 19 Juin 2011
Théâtre de la Porte Saint-Martin
18 boulevard Saint-Martin, 75 010 Paris
www.portestmartin.com

Du 21 au 25 Septembre 2011
Théâtre de la Commune – Centre Dramatique National d’Aubervilliers
2 rue Edouard Poisson, 93304 Aubervilliers
www.theatredelacommune.com

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