ƒƒƒ article de Denis Sanglard

© Giovanni Cittadini Cesi

C’est dans un camion-théâtre itinérant aménagé tout exprès que nous accueille et nous reçoit, le terme n’est pas trop fort, Yann Frisch, installé là, confortablement, comme dans son salon. Musique de jazz, bouteille d’alcool ambré, quelques livres et fauteuil anglais. Voilà qui étonne. Nous sommes à peine cent, très proches donc. Et cela a son importance. Il pleut mais je ne crois pas qu’il pleut, voilà le paradoxe de Georges . George Moore. E. Moore, philosophe anglais, fondateur de la philosophie analytique. Traduisons cela simplement : » cela est une illusion d’optique mais j’y crois comme une chose réelle » ( trouvé dans Wikipedia). En bref voilà qui résume la dernière création de Yann Frisch qui délaissant son nez et sa peruque de clown bourru et suicidaire (cf Le syndrome de Cassandre) s’interroge et nous interroge sur son art. Le paradoxe de Georges c’est un peu le fil conducteur de cette conférence, on peut dire ça comme ça, où tout en manipulant diaboliquement les cartes notre magicien pose la question du rapport de son art avec le réel. C’est aussi vertigineux et bluffant dans la réflexion que dans la manipulation des cartes. Des cartes parfois récalcitrantes, qui volent, disparaissent, ressurgissent là où on ne s’y attend pas, forment des carrés d’as impromptus, des suites de couleurs inopinnées… Ca va vite, c’est étourdissant. Et le doute finit par s’installer. Et si tout cela était réellement magique malgré tout, que le truc – parce qu’il y a nécéssairement un truc- n’existait que dans notre imaginaire ? Et revoilà le fameux paradoxe qui nous ferait prendre des simples vessies pour de superbes lanternes magiques. Yann Frisch ne manipule pas que les cartes de ses dix doigts habiles et véloces mais son public également par cette tchache insensée aussi étourdissante que ses tours retors. Et nous voilà bientôt désarmés, bientôt complices involontaires et consentant, devant cette leçon magistrale d’illusion et de manipulation. Une mise en abyme étourdissante qui transforme à vue « un escroc » ( c’est lui qui l’affirme) génial en un magicien authentique…

Le paradoxe de Georges, un spectacle de et avec Yann Frisch
Partenaires magiques Père Alex, Arthur Chavaudret, Dani Daortiz, Monsieur Hamery, Pierre-Marie Lazarro, Raphaël Navarro
Intervenants artistiques Sébastien Barrier, Arthur Lochmann, Valentine Losseau
Lumière Elsa Revol
Costumes Monika Schwarzel

du 2 au 30 mai 2018 à 21h
dimanche à 17h, relâche le lundi, les vendredis et samedis à 18h30 et 21h

Théâtre du Rond-Point
2bis av. Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
réservations 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

Be Sociable, Share!

•