Critique d’Audren Destin –

Moustache 1 – Epitre 5
C’est en partant de l’intime qu’on va vers l’universel

C’est en prenant la ligne 1 La Défense – Château de Vincennes

Descendez à Franklin-Roosevelt dans le 8ème arrondissement
Sur la plus belle avenue du monde d’après des guides peu clairvoyants
Au Rond-point des Champs Elysées encore quelques pas à faire
Pour retrouver les gens d’esprit et les octogénaires
Ici les femmes sont belles et les hommes cultivés
Bienvenue au théâtre, monde du paraître et de la vanité

Ce soir c’est soirée moustache mais ce n’est pas ce que vous croyez
Par de gros poilus vêtus de cuir vous ne serez pas tripoté
Ce soir seulement votre esprit va être émoustillé
Mathurin des Côtes-du-Nord, Ed Wood et Astien
Vont vous toucher mais sans les mains, sans vous rouler de patin

© Giovanni Cittadini Cesi

Le poil a travers les siècles a connu des bouleversements
Des soulèvements, des retranchements, des génocides, des revirements
Aujourd’hui il faut le dire il n’est pas partout le bienvenu
Là ou le monde se mire on ne le voit presque plus
La Moustache elle aussi connait des heures bien sombres
La plupart des grands moustachus sont aujourd’hui dans la tombe
Flaubert, Brassens, Nietzsche, Zorro, Jean-Baptiste Poquelin
Pour n’en citer que quelques uns

Mais un nouvel espoir pour la moustache est apparu
Non Mr Rochefort vous ne serez pas le dernier des moustachus
Dans l’underground parisien on murmure son nom
Il a de plus en plus d’adeptes pour lui donner de l’aplomb
Jeunes imberbes fallacieux il vous reste peu de temps pour sauver les meubles
Il est né et il prospère Le Grandiloquent Moustache Poésie Club

Oserais-je l’avouer une chose m’inquiète néanmoins
Dans ce club viril de poètes libertins
Quelle place est réservée à la féminité
Qui malgré tous ses attributs manque de pilosité
Chacun choisit sa muse, qu’elle s’appelle Elodie ou bien Victor
Pour ma part je préfère l’appeler ma chérie plutôt que mon castor
Dans des draps de soie ou sur des coussins en satin
Les baisers d’un moustachu n’ont pas le même parfum
Que celui d’une femme au sourire coquin

Quoiqu’il en soit de la luxure il n’en reste pas moins
Que ce club a de beaux jours devant lui sur le chemin
« Mais que fait-on vraiment dans ce club ? » demanderont certains
Pour vous dire la vérité moi-même je n’en sais rien
Il parait que l’on déclame et que chacun dans son casier
A sa réserve de pailles pour mieux respirer les idées

De leurs débuts pathétiques à leur gloire actuelle
Ils ont tracé leur chemin maniant les mots avec soin
Trois personnages et trois visions qui se complètent et qui se mêlent
Pour former un homme idéal, au grand bonheur des demoiselles
Astien est le romantique désillusionné
Mathurin est plus narquois, c’est un sensible décalé
Ed Wood est à la fois enfantin et salace
A chaque fois qu’une meuf tombe c’est lui qui la ramasse

Moi j’suis critique de théâtre c’est un métier plutôt peinard
D’abord je taille mes crayons avant de tailler des costards
C’est l’avantage de ce métier, de faire la guerre de son plumard
Mais c’est quand même parfois gonflant de devoir critiquer tout le temps
Car il faut bien l’avouer ce qu’on voit c’est pas toujours très excitant
Dans ce milieu comme partout y a pas que des grands talents
Parfois j’voudrais un peu de répit, j’voudrais brandir le drapeau blanc
Alors quand j’vois des jeunes gars qui ont la niaque et qui aiment se marrer
Qui aiment marcher en dehors des clous et qui ont les mots pour l’affirmer
Ça m’fait des vacances, plus besoin de critiquer
J’peux enfin m’laisser aller et tout simplement acclamer.

Le Grandiloquent Moustache Poésie Club
Texte et jeu : Astien Bosche, Julien Pauriol (Ed Wood), Mathurin Meslay
Mise en scène : Julien Chaize

Du 3 au 24 décembre 2010
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e – Réservations 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

Reprise du 12 janvier 2011 au 3 février 2012
Les Trois Baudets
64 Bd de Clichy, Paris 18e – Réservations 01 42 62 33 33
www.lestroisbaudets.com

www.moustachepoesie.com

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