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Le dictionnaire amoureux de l’inutile, de François et Valentin Morel, à La Scala

Mai 20, 2024 | Commentaires fermés sur Le dictionnaire amoureux de l’inutile, de François et Valentin Morel, à La Scala

 

© Eléonore Sueur
f article de Denis Sanglard

François et Valentin Morel, père et fils, ont trouvé utile de parler de l’inutile, celui-là même indispensable car susceptible de combler la vacuité de nos existences vouées à la productivité, soumises au libéralisme, à la rentabilité, et d’y mettre un peu de poésie, aussi absurde soit-elle. Donc de A à Z, comme tout bon dictionnaire, c’est un exposé fort succinct de deux complices qui de Cyrano de Bergerac, celui de Rostand s’entend, ont pris pour trame de ces chroniques cette devise, « c’est bien plus beau quand c’est inutile ». Soit.  Une mise en scène étant en ce cas superfétatoire, c’est à une conférence texte en main, à laquelle nous sommes conviés où suivant l’alphabet, comme il se doit, nos deux compères donnent moult exemples, illustrations parfois à l’appui, d’un art où se faire enculer les mouches peut aussi avoir une caution scientifique. Ainsi de l’Art Autoroutier, où comment justifier le 1% dévolue à la culture sur le réseau routier en semant ici où là des sculptures aussi colossales que laides, en passant par les champions de l’improbable qu’ils soient mangeurs de boudin ou spécialiste du furet legging*, les auto-tamponneuses, les ricochets dans l’eau, Interville (mais là, on perd la génération actuelle), la carte postale, l’eau en poudre (oui !), les papiers de soie entourant les agrumes où les canulars fumeux de Jean Carmet… c’est un florilège surréaliste, un inventaire à la Prévert sans raton-laveur  de ce que les hommes peuvent inventer de farfelu, d’incongru et le plus sérieusement du monde. Hommage aussi au facteur Cheval capable de bâtir un palais imaginaire pour rien, parce qu’est beau et vainc le néant. Cocteau, qui avait réponse à tout, affirmait que la poésie est indispensable, mais ne pas savoir à quoi. L’inutile c’est aussi ça, comme la poésie, c’est joli et ça ne sert à rien comme le dit Panoramix. Sinon vaincre le néant justement et dans ce monde globalisé créer du lien même autour de rien, ce qui n’est pas rien. Comme quoi l’inutilité à ses raisons que la raison ignore. Terminons comme il se doit cet articulet par la dernière entrée de ce dictionnaire amoureux de l’inutile : zou !

*le furet legging consiste à introduire dans son pantalon un furet (vivant) et tenir le plus longtemps possible. Le dernier record homologué serait de plus de cinq heure.

 

Le dictionnaire amoureux de l’inutile de François et Valentin Morel

Du 18 mai au 1er juin 2024 à 16h30

 

Le dictionnaire amoureux de l’inutile est donné dans le cadre d’une carte blanche à François Morel qui reprend deux créations :

Tous les marins sont des chanteurs, du 21 mai au 2 juin 2024 à 15h ou 20h30

Tous les marins sont des chanteurs, de François Morel, Gérard Mordillat et Antoine Sahler, Théâtre du Rond-Point

J’ai des doutes, du 4 au 23 juin 2024 à 15h ou 20h30

J’ai des doutes, textes de Raymond Devos, un spectacle de François Morel, Théâtre du Rond-Point

 

La Scala

13 bd de Strasbourg

75010 Paris

 

Réservations : www.lascala-paris.fr

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