ƒƒƒ article de Camille Hazard
Il est de ces joies, chaque année au Festival d’Avignon, de rentrer dans un des très nombreux théâtres et de tomber sur une pépite. Le spectacle Le dernier cèdre du Liban en fait partie. Aïda Asgharzadeh, auteure entre autres de La main de Leïla, signe un texte puissant sur la question de l’origine et de l’hérédité dans lequel les espaces temps sont bousculés.
L’inventivité de la mise en scène de Nikola Carton, le jeu fluide, engagé, aux milles palettes des deux comédiens Magali Genoud et Azeddine Benamara, la création sonore de Chadi Chouman qui accompagne la multitude de tableaux, offrent un temps fort dans lequel le public s’abandonne aisément aux émotions et à la poésie qui s’en dégage.
Portants et accessoires entourent un espace vide que vont remplir les comédiens. Tour à tour enfant, femme, mère, Magali Genoud livre combat sur scène avec une puissante énergie. Azeddine Benamara incarne avec une fluidité déconcertante, toute une galerie de personnages qui gravitent autour du personnage central d’Anna. Cette jeune fille « difficile », abandonnée à la naissance et résidant en foyer, apprend la mort de sa mère biologique qui ne lui a laissé pour héritage que quelques cassettes enregistrées et un dictaphone. En écoutant ces enregistrements, Anna va faire connaissance avec sa mère, reporter de guerre, et remonter le fil de son histoire. Sa mère lui parle de la guerre au Liban, de la chute du mur de Berlin… Grande histoire et histoire intime se mêlent. En mettant une voix, des histoires, un tempérament sur le nom de sa mère défunte, Anna va pouvoir peut être panser ses plaies et se (re)construire.
Avec une attention pleine de pudeur, Nikola Carton parvient à nous montrer l’indicible ; quelques bruitages, des ruptures de jeu, de lumières nous font basculer de Beyrouth à un aéroport, de Berlin à une chambre d’hôtel.
Une délicieuse osmose se crée entre écriture, jeu, mise en scène, scénographie… La minutie du travail a façonné un magnifique spectacle qu’on espère retrouver très rapidement dès la saison prochaine.
Le dernier cèdre du Liban
Texte d’Aïcha Asgharzadeh
Mise en scène Nikola Carton
Scénographie & lumières Vincent Lefevre
Création sonore Chadi Chouman
Costumes Savarit
Avec Magali Genoud & Azeddine Benamara
Du 8 au 30 juillet 2017 à 13h25
Théâtre Condition des Soies
13, rue de la Croix – 84000 Avignon
Informations et réservations 04 90 22 48 43
www.conditiondessoies.com
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