Critiques // « L’affaire d’un printemps » de Martial Bléger et Hervé Masnyou au Théâtre de Menilmontant

« L’affaire d’un printemps » de Martial Bléger et Hervé Masnyou au Théâtre de Menilmontant

Avr 14, 2011 | Un commentaire sur « L’affaire d’un printemps » de Martial Bléger et Hervé Masnyou au Théâtre de Menilmontant

Critique de Bettina Jacquemin

À la hauteur !

Le Théâtre de Ménilmontant accueille « L’affaire d’un printemps » et célèbre ainsi les cent quarante ans de la Commune. Fresque historique et histoire plus intimiste s’entremêlent. La proposition semble alléchante…

Mars 1871, la Commune de Paris naît de l’humiliation prussienne et de la trahison du Gouvernement de Défense nationale. Véritable gageure que de mettre en scène les aspirations d’un peuple ainsi qu’un contexte historique mal connu. Martial Bléger et Hervé Masnyou, auteurs et metteurs en scène, donnent un coup de projecteur sur les mouvements d’une époque. Désir d’égalité sociale et mise en place d’un gouvernement insurrectionnel, ils y greffent une histoire singulière, une enquête policière sur fond d’enlèvement. Les deux récits se fondent comme une évidence, les personnages partagent le destin des protagonistes de la révolte populaire.

Vingt-six comédiens évoluent sur scène autour de neuf tableaux aux décors épurés et changeant et rendent ainsi palpable la dimension tragique d’une telle période de troubles. Une énergie essentielle au récit d’une fresque historique, un sujet digne d’intérêt, des valeurs et des idéaux, la pièce s’annonce prometteuse…

Prémices encourageants… ne suffisent pas à convaincre

Le spectacle commence et les tableaux s’enchaînent. Entre répression sanglante et espoir d’émancipation, l’enquête suit son cours. Mais, très vite, le manque de rythme pèse sur la scène. Malgré un changement de tableaux et de décors et l’alternance des récits, l’ensemble est linéaire. Un modèle récurrent de tableaux et un discours historique chargé en nombreux détails, noms et informations instaurent une redondance dont on ne connaît pas la fin. S’agit-il alors d’une particularité de la soirée, d’une erreur d’annonce ou des aléas d’une première ? Mais, le manque de rythme a vu le spectacle se transformer en de longue minutes supplémentaires, sans entracte, pourtant annoncé dans les programmes…

Un manque de technique évident chez un grand nombre de comédiens ne peut nous réconcilier avec l’initiative pourtant audacieuse de conter un événement majeur de l’Histoire de France. Difficile de préserver une réelle concentration quand problèmes d’articulation, voix inaudibles, multiples interruptions et enchevêtrement des répliques se font ressentir. Soucis excusables pour une première s’ils s’étaient avérés rares.

Une mention spéciale à Xavier Fahy (Maxime Delettre) et Jean-Claude Kraemer (le Commissaire Dessourcet), non exempts d’erreurs semblables, ce soir-là mais jouissant de manière visible d’une technique vocale plus certaine (voix soutenue). Ils donnent ainsi à leurs personnages une belle intensité. L’interprétation de Claudie Decultis (Orianne Ferrand/Marie Benson) dérange mais la comédienne fait une réelle proposition de jeu dans une mise en scène qui s’éternise malheureusement, jusqu’au dernier tableau.

L’affaire d’un printemps
De : Martial Bléger et Hervé Masnyou
Mise en scène : Martial Bléger et Hervé Masnyou
Avec : Frédérick 2 Baro, Benoit Bidaut, Gérard Blancheteau, Geoffroy Boucher, Philippe Briouse, Boubeker Chettab, Olivia Chevalier, Claudie Decultis, Frédérique Dumont, Xavier Fahy, Martine Grinberg, Jean Claude Kraemer, Eric Larroque, Annie Massol, Brice Ledoyen, Olivier Pasquier, Mathilde Petit, Vincent Pezon, Marie Noëlle Pigeau, Anne Ropers, Stéphane Rouabah, Grégory Thieblin
Décors : Isoline Favier
Costumes : Virginie Stutki
Lumières : James Angot
Régisseur : Stéphane Moreau

Du 12 avril au 1er mai 2011

Théâtre de Ménilmontant
15 rue du Retrait, 75 020 Paris
www.menilmontant.info

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