Critique d’Evarise Lago –

La mort est salvatrice

Sur mes carnets j’écris liberté

Michèle Guigon est une artiste plurielle qui allie la comédie, la composition, la mise en scène et l’accordéon. Elle crée en 1984 la compagnie du P’tit Matin avec ses deux comparses Anne Artigau et Susy Firth, metteurs en scène.

© Giovanni Cittadini Cesi

Michèle Guigon est l’auteur de ce texte merveilleux où elle se raconte et se dévoile. Elle dévoile sa maladie avec humour. Elle raconte la vie, la jeunesse, la vieillesse, la mort, en riant. Peut-on rire de tout ? Il semblerait. Le rire est salvateur et c’est même bon pour la santé. C’est pendant le néant du cancer que cette artiste plurielle à écrit ce texte sur la vie. Paradoxal ? Pas tant que cela. Se rapprocher de la mort n’est-il pas le meilleur moyen de toucher la vie, de prendre conscience que l’on vit, que chaque instant est la vie ? Le temps qui passe, l’obsession du temps qui passe, voilà ce qui fait parler Michèle Guigon. Les bons mots, les jeux de mots s’enchaînent pour nous faire digérer la vieillesse, la maladie et la mort. Les femmes, les hommes de tout âge se retrouveront. Tout est bon à réflexion : avez-vous remarqué qu’à Paris, personne ne meurt ? Pas de journaux avec pages nécrologiques, alors qu’en province ce sont les premières pages lues. Les cimetières sont mêmes des endroits où se retrouvent les touristes… des endroits plutôt vivants.

© Giovanni Cittadini Cesi

Accompagnée de son accordéon, sorte de poumon musical, cette artiste hors pair nous gratifie d’intermèdes chantés sur son père, sur son premier amour de jeunesse et sur la maladie. Michèle Gigon a le physique jovial d’une tante où d’une amie de la famille à qui l’on donne son attention et que l’on écoute avec sympathie. Elle a noté ses découvertes et réflexions lors de sa maladie dans des cahiers et elle les a transformées en texte, grâce à l’aide de Susy Firth. Finalement, sur ses cahiers, c’est la liberté qu’elle a noté. La liberté d’être soi, vraiment soi, sans artifice.

Que dire de la mise en scène ? Pure, minimaliste et moderne. Pas de superflu. La première image de la pièce est lumineuse et donne le ton du reste. Elle a également l’avantage de se faire oublier au profit du texte. Là est sa beauté. Seul le texte compte. Le plus intéressant est de se laisser guider vers la liberté et d’écouter.

La vie va où ?…
De et avec : Michèle Guigon
Co-écriture : Susy Firth
Mise en scène : Anne Artigau et Susy Firth
Lumières : Marie Vincent

Du 19 octobre au 14 novembre 2010

Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin Roosevelt, 75 008 Paris
www.theatredurondpoint.fr

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