Critiques // « La Trafiquante » A partir des poèmes de Kaplan, Norac, Pittau, Roubaud et Rouzeau

« La Trafiquante » A partir des poèmes de Kaplan, Norac, Pittau, Roubaud et Rouzeau

Jan 10, 2010 | Aucun commentaire sur « La Trafiquante » A partir des poèmes de Kaplan, Norac, Pittau, Roubaud et Rouzeau

Critique de Bruno Deslot

Des mots et des couleurs

Des boîtes, des mots, des animaux et des poèmes, la trafiquante compose, illustre la poésie de son imagination.

Mystérieuses boîtes qui ne tardent plus à s’ouvrir pour libérer la poésie illustrée de la Trafiquante. Cette jeune femme cache, au fond de ses boîtes, un monde imaginaire dont elle raconte l’histoire, enfin les histoires, au rythme plaisant et musical d’une belle aventure en prose. Des mots courts, longs, en vers ou en prose accompagnent des histoires d’animaux, de tortues, de vieilles femmes en ville, de chats poilus et lèvent le voile sur l’espace animé et coloré que la trafiquante compose sous nos yeux. Car, trafiquante son père l’a baptisée, trafiquante elle touche à tout ce qui la fait rêver. « Voici d’iliade longtemps / j’étais petite enfant / Et je touchais à tout / Alors «la trafiquante » mon père me baptisa ». Un sobriquet bien à propos, pour une jeune fille aussi habile de ses mains, plongeant jusqu’au fond de ses boîtes pour y sortir des « trucs » qu’elle personnifie avec espièglerie. D’une boîte à l’autre, la voici animant des mots muets et des images immobiles. Tout existe, prend forme et voix dès lors que la trafiquante s’en empare avec la magie de ses ciseaux, pour découper une silhouette qui lui ressemble, ou dévoiler une lune et des étoiles, suspendues à un câble que parcoure une tortue. En ombre chinoise, une vielle femme traverse la ville pendant que le métro passe bruyamment. Autant d’illustrations que les mots accompagnent dans une parfaite symbiose malicieuse et enfantine. La trafiquante ouvre ses boîtes pour répandre les couleurs du bonheur, Zeus ne lui a pas interdit, elles ne contiennent pas le mal de celle de Pandore.

Rêveries de la trafiquante solitaire

De la poésie et des couleurs, Lara Bruhl embrasse la vie en sortant de ses boîtes des « trucs » qui étayent le champ lexical de ses rêveries. Incarnant l’héroïne d’un poème de Valérie Rouzeau, elle s’amuse à parcourir l’univers candide des mots de Norac, Roubaud, Pittau et Kaplan pour les trafiquer à sa manière. Elle met les mots en images en utilisant des personnages au destin singulier dès lors qu’ils sortent de l’anonymat des boîtes dans lesquelles ils sont enfermés. Bérangère Vantusso réalise une mise en scène simple et efficace qui facilite la compréhension des poèmes tronqués pour le plus grand plaisir de cette trafiquante malicieuse et complice du regard de l’enfant. Des découpages et des couleurs suffisamment explicites, accompagnent les histoires de cette jeune femme à l’imagination débordante. L’enfant peut ainsi se saisir de tout ce matériau en devenir, pour s’approprier, au mieux, ce qui est dit. La voix chaude et grave de Lara Bruhl crée une ambiance intimiste dans laquelle les mots sont lâchés comme des secrets. Un bel hommage à la vie et au bonheur pour le plus grand plaisir des enfants et des adultes, bien sûr.

La Trafiquante
A partir des poèmes de : Leslie Kaplan, Carl Norac, Francesco Pittau, Jacques Roubaud et Valérie Rouzeau.
Mise en scène et conception des marionnettes : Bérangère Vantuso
Avec : Lara Bruhl
Illustrations : Kitty Crowther, Bernadette Gervais, Dominique Maes, Lionel Le Néouanic et Stéphane Poulin

Du 6 janvier au 27 février 2010

Maison de la Poésie
Passage Molière, 157 rue Saint-Martin, 75 003 Paris
www.maisondelapoesieparis.com

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