Critiques // « La Mélancolie des dragons » de Philippe Quesne au Théâtre Nanterre-Amandiers

« La Mélancolie des dragons » de Philippe Quesne au Théâtre Nanterre-Amandiers

Jan 16, 2015 | Commentaires fermés sur « La Mélancolie des dragons » de Philippe Quesne au Théâtre Nanterre-Amandiers

ƒ Article de Dominika Waszkiewicz

 

© Brigitte ENGUERAND

© Brigitte ENGUERAND

 

Sur un plateau délicatement enneigé, le temps semble suspendu. Une AX repose là, épave curieusement échouée dans ce calme presque palpable. À l’intérieur, quatre chevelus et deux chiens écoutent de la musique et zappent tout en mangeant des chips et en buvant de la bière. Hervé Cristiani, Trust, Scorpions. Nostalgie d’un temps perdu, la musique ouvre les portes d’une dimension parallèle où la réalité semble comme en apesanteur. Puis arrive Isabelle. Menue silhouette dans son anorak violet démodé. Astronaute tranquille et bienveillante prononçant les premiers mots audibles de la soirée : «  Allô Mikaël, tu aurais une tête de delco ? »

Tout doucement s’installe alors la trame du spectacle : rejoints par trois acolytes sortis de la remorque, les dragons vont tenter de tromper leur attente en présentant à Isabelle leur parc d’attractions itinérant.

« …des acteurs en panne dans une belle image de théâtre »

Recréation d’un spectacle entré au répertoire du Vivarium Studio en 2008, La Mélancolie des dragons joue sur notre perception du réel tout en rejetant les artifices de la théâtralité. Actes dérisoires et images du quotidien s’enchaînent pour former un tableau d’une indicible douceur. Le silence s’étire en une bulle qui envahit peu à peu la salle. On sourit souvent de ces personnages un peu gauches qui n’hésitent pas à soulever le décor pour brancher un vidéoprojecteur. On est touché par la naïve sincérité de ces hommes en blousons s’émerveillant d’une fontaine ou d’une machine à bulles. On s’ennuie aussi un peu, parfois, face à une chorégraphie pas toujours précise, un peu facile, révélant les failles de l’amateurisme. Et puis, imperceptiblement, le réel nous révèle toute sa dimension de merveilleuse étrangeté. La voiture bâchée devient sans peine une montagne. Les coussins d’air de la scène finale se gonflent de magie. Et, on ne sait pas trop pourquoi mais on se sent bien.

« C’est reposant, non ? » lance, béat, Émilien Tessier. Et bien oui, c’est reposant. Même si La Mélancolie des dragons ne présente guère les spécificités du genre dramatique, l’expérience fait du bien, indéniablement. Et l’on se met, finalement, à rêver à ce parc du rêve, des songes et des libertés qui nous laisse dans un état hypnotique et tout ébaubi.

 

La Mélancolie des dragons
Conception, mise en scène et scénographie Philippe Quesne
Avec : Isabelle Angotti, Rodolphe Auté, Cyril Gomez-Mathieu, Sébastien Jacobs, Victor Lenoble, Émilien Tessier et Gaëtan Vourc’h

Du mercredi 7 au dimanche 18 janvier 2015
20h30 sauf jeudi à 19h30 et dimanche à 15h30, relâche le lundi – durée : 1h20
Nanterre-Amandiers
7, avenue Pablo-Picasso – 92022 Nanterre
Réservation 01 46 14 70 00
www.nanterre-amandiers.com
Lire l’article de Camille Hazard

 

 

 

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