Critiques // « La Fabbrica » d’Ascanio Celestini au Théâtre des Abbesses

« La Fabbrica » d’Ascanio Celestini au Théâtre des Abbesses

Jan 12, 2010 | Aucun commentaire sur « La Fabbrica » d’Ascanio Celestini au Théâtre des Abbesses

Critique de Bettina Jacquemin

Quand la réalité se nourrit d’histoires individuelles

Avec Fabbrica, Ascanio Celestini entraîne le spectateur dans les rouages de la réalité industrielle et politique de l’Italie du XXe siècle dont l’histoire est avant tout celle des ouvriers :
de Fausto, le chef manœuvre qui a perdu une jambe, de son père et de son grand-père qui portent le même prénom, de Paride Pietrasanta, patron de l’usine, d’Assunta, belle comme une Madone et au secret imprononçable et de tous ceux qui ont croisé leur destinée.

La Fabbrica est une usine en Italie. On y fabrique de l’acier. En 1949, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’industrie est en crise. Le narrateur tente pourtant de s’y faire embaucher. Il est accueilli par Fausto, le chef d’équipe qui a laissé sa jambe dans la fonte en fusion du haut-fourneau.
« C’est une histoire de famille de travailler à la Fabbrica ». Le grand-père de Fausto y travaillait déjà « quand les ouvriers étaient hauts de dix mètres ». Fausto, le père a, quant à lui côtoyé les ouvriers aristocratiques, ceux que le régime fasciste tolérait malgré leurs idées communistes ou anarchistes. Et, puis, il y a Fausto, fils et petit-fils de, clopinant et qu’on ne peut pas licencier.

Raconter le passé et s’interroger sur le présent

Le rideau s’ouvre sur celui qui, au travers d’une lettre écrite à sa mère raconte le réalisme industriel du XXe siècle, ses luttes syndicales ou encore la délocalisation.
‘’L’ouvrier-narrateur’’ raconte des histoires singulières pour mieux décrire l’Histoire, comme pour se souvenir… Se souvenir de ce qui est notre patrimoine, à tous. Ces usines fréquentées par nos grands-parents, nos parents parfois.

Alors, on se souvient… Et, on s’abandonne aussi, grâce notamment à Serge Maggiani dont l’interprétation du narrateur donne au récit une dimension encore plus humaine.
De cette réalité sociale, il s’en dégage une réelle poésie. Mais, les créations musicales chantées en italien interrompent trop souvent le récit. Malgré le talent des interprètes, il manque parfois de silence…

Attention, il ne s’agit pas ici de faire appel à une certaine nostalgie. La Fabbrica interpelle simplement sur ce qui nous façonne…

La Fabbrica
De : Ascanio Celestini
Traduction de l’italien : Olivier Favier
Mise en scène : Charles Tordjman
Avec : Serge Maggiani et Agnès Sourdillon
Chants : Sandra Mangini, Germana Mastropasqua, Giovanna Marini, Xavier Rebut

Jusqu’au 16 janvier 2010

Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses, 75 018 Paris – 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com

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