ƒƒƒ Article de Camille Hazard
Trente trois ans après la création de son premier spectacle solo, Philippe Caubère se relance dans l’épopée de La danse du diable. Bien avant l’époque charnière où il rentre à la Cartoucherie (ce qui donnera naissance à la saga Le roman d’un acteur en onze épisodes), le comédien revient sur son enfance, son adolescence et sa première expérience dans une école de théâtre « professionnelle ».
« Le théâtre c’est comme les rêves, ça n’existe pas. »
Pendant 3h20, Philippe Caubère (Ferdinand Faure dans ses spectacles),foule un plateau vide pour nous offrir un théâtre plein. Dans la bouche de ce comédien, chaque mot est une image, chaque geste et accent sont des personnages qui pourraient faire chacun, l’objet d’un spectacle.
Philippe Caubère s’appuie sur ses souvenirs familiaux et à travers la voix de ses proches, nous raconte les années 1950-1960 où le communisme et la bourgeoisie s’affrontaient doucement dans les campagnes. Les collines d’Aix-en-Provence et les us et coutumes n’ont rien perdus de leur charme. A la manière d’un griot, le comédien perpétue une vieille tradition orale ; celle d’un passeur d’histoires qui relie les générations et les peuples.
« Oh mais les français sont des cons Mme Colomer !
Mais De Gaulle a raison de les traiter de veaux toute la journée,
Vous êtes des veaux ! »
Mère de Ferdinand
Dès l’entrée en scène du comédien on sentait avec un peu d’agacement, un public tout acquis à sa cause. Il aurait pu dire, faire, jouer n’importe quoi ou ne pas jouer du tout, le public l’avait déjà couronné… Mais même les plus enragés, ceux qui riaient d’un rire hystérique et sans raison, ont fini par s’oublier et écouter ses histoires.
Une grande bienveillance habite l’artiste, ce qui ne l’empêche pas d’être parfois politiquement incorrecte ni même d’égratigner le public… Ca fait du bien !!
Chaque tableau est une occasion pour tenter de nouvelles prises de parole, les personnages se rebellent et n’hésitent plus à se confronter au comédien, créant un trouble entre fiction et réalité. La fin du spectacle, d’une poésie rare, clôt les histoires que nous avons bu d’un trait ; nous aurions tant aimé qu’elles durent encore toute la nuit…
La danse du diable
Histoire comique et fantastique
Texte, mise en scène et jeu Philippe Caubère
D’après des improvisations devant Jean-Pierre Tailhade et Clémence Massart
Lumières Roger Goffinet et Jean-Christophe Scottis
Du 4 novembre au 7 décembre 2014
3h20 avec entracte
Athénée – Théâtre Louis Jouvet
Square de l’Opéra Louis-Jouvet – 7 rue Boudreau – 75009 Paris
M° Opéra, Chaussée d’Antin, Saint-Lazare
Réservation 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com
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