Critique de Dashiell Donello –

Le Docteur Petypon, respectable bourgeois, a fait la noce avec son ami Mongicourt. Le lendemain à midi, il n’est toujours pas réveillé et sommeille sous le canapé. Dans son lit dort aussi, en petite tenue, une jolie fille, connue au Moulin Rouge, sous le nom de la Môme Crevette. Mongicourt vient le réveiller. Le Docteur prenant conscience de la situation cherche à éloigner son épouse qui menace à tout instant de découvrir la luxurieuse jeune fille. Un malheur n’arrivant jamais seul, voilà que débarque des colonies un oncle à héritage.

Georges Feydeau (1862-1921) est l’auteur dramatique qui, sur les traces de Labiche, a perpétué le succès du vaudeville. Il a renouvelé le genre en analysant les personnages qu’il rencontrait dans sa propre vie de noctambule effréné et durant ses virées parisiennes. Sa thématique s’attaque de manière récurrente  à la médiocrité des activités bourgeoises et la vie en couple. Ne disait-il pas : «N’est-elle pas plus morale, l’union libre de deux amants qui s’aiment, que l’union légitime de deux êtres sans amour ?»

Les pièces de Feydeau sont pleines de rythmes et d’actions. Le style théâtral de l’auteur accumule les complications comme des strates diaboliques sur des personnages souvent dépassés. Les rencontres qui devraient tout éclairer n’entraînent que confusion. Les quiproquos s’enchaînent pour aller chercher un rire de situation. Son théâtre paradoxalement est dans le dialogue qui peut tout éclairer, mais qui aussi le retarde, le complique, jusqu’à le rendre impossible, pour qu’au dénouement de nouveau tout devienne limpide.

Mais, la forme de ce genre théâtral d’un autre siècle a besoin de retouches. Ce que n’a pas osé faire Hervé Van Der Meulen dans sa mise en scène trop conventionnelle. Doit-on jouer Feydeau avec des didascalies obsolètes ? En comparaison aux pièces en un acte qui ont su garder une existence contemporaine, le vaudeville en plusieurs actes a mal vieilli. Est-ce pour cela que Feydeau a cessé d’écrire en 1916 ? Toute croustillante que soit la pièce La dame de chez Maxim, il nous manque quelque chose d’aujourd’hui. Sans adaptation, ni actualisation ce vaudeville n’est que représentation surannée. Bien sûr il reste des scènes inoubliables comme l’apparition de « l’ange » façon Môme Crevette, le récit, de Madame Petypon dont naîtra un fils qui sauvera la France façon Théramène dans Phèdre, ou encore le moment ou toutes les précieuses de province, lors de la noce au château, imitent par ignorance de la vie parisienne, la môme Crevette de son fameux : « Et allez donc, c’est pas mon père ! »

Le théâtre c’est surtout des comédiens investis de sincérité, plein de plaisir du jeu, dans l’énergie et le rythme. On peut remarquer parmi une nombreuse distribution de qualité (ce qui est rare aujourd’hui) Agnès Ramy à la gouaille charmante, Henry Courseau au talent jamais démenti, Yveline Hamon admirable illuminée, Patrick Paroux bondissant de spontanéité et le sobre Jean-Louis Martin-Barbaz.

La Dame de chez Maxim
De : George Feydeau
Mise en scène : Hervé Van Der Meulen
Décors : Claire Belloc
Costumes : Isabelle Pasquier
Lumière : Pascal Sautelet
Maquillage : Audrey Millon
Avec : Agnès Ramy, Patrick Paroux, Yveline Hamon, Henri Courseaux, Alain Payen, Jean-Louis Martin-Barbaz, Jean-Pierre Gesbert, Hervé Van der Meulen, Amaury de Crayencour, Pascal Neyron, Yoann Parize, Claire Barrabès, Lorraine de Sagazan, Elisabeth de Ereno, Valentine Galey, Agnès Espaze, Cécile Jeanneret-Amour, Rachel André, Marie Doreau, Guarani Feitosa-Neves, Roman Kassowski, Clément Beauvoir, Benoît Dallongeville

Du 6 au 21 mai 2010

Théâtre de l’Ouest Parisien
1 place Bernard Palissy, 92 100 Boulogne-Billancourt
www.top-bb.fr

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