Critique de Denis Sanglard –
La philosophie dans le vouloir
Simone de Beauvoir où la grande amoureuse… La ballade de Simone brosse le portrait de la dame au turban, intellectuelle, philosophe, féministe, germanopratine et amoureuse. Une femme complexe qui voulut être toute les femmes et qui rageait de ne pas y parvenir. Une grande amoureuse qui ne voulut céder en rien. En croisant sa correspondance avec son « mari » Algren, l’amant américain, et « le deuxième sexe » qui se conçut au plus fort de cette liaison outre-atlantique, deux comédiennes déclinent avec justesse un portrait où celle qui put apparaître comme une femme de raison et de combat pouvait s’abandonner à la passion et se livrer avec déraison. Une femme libre au prix de la contradiction… Et de l’échec.
Moi aussi je suis Simone de Beauvoir.
C’est drôle et toute en finesse. On y chante Vian, Ferré et Sartre bien sûr. On y croise Piaf, autre grande amoureuse, un portrait brossé sans complaisance, cruel même car Simone de Beauvoir avait aussi la dent dure. Marlene Dietrich susurrant Lili Marlène. Michelle Brûlé et Anne-Laure Tondu sont irrésistibles dans ce duo philosophique impertinent et sans boudoir. Volontiers gouailleuses et goualeuses elles donnent du Castor un portrait distancié, désacralisé. L’adaptation de Michelle Brûlé a ceci de remarquable qu’elle n’occulte rien des faiblesses et des lâchetés de Simone de Beauvoir. La mise en scène de Nadine Darmon est alerte, joliment troussée. Ce n’est pas à un cours de philosophie ou de féminisme auquel il nous est donné d’assister. Juste une réflexion sur la modernité d’une femme qui se voulut libre. Si elle ne fut pas toutes les femmes, toutes les femmes voulurent être Simone de Beauvoir.
La Ballade de Simone
D’après : Simone de Beauvoir
Adaptation : Michelle Brûlé
Mise en scène : Nadine Darmon
Avec : Michelle Brûlé et Anne-Laure Tondu
Scénographie : Denis Malbos
Lumières : Olivier ValletDu 25 mai au 11 juillet 2010
Théâtre du Petit Montparnasse
31 rue de la Gaîté, 75 014 Paris
www.petitmontparnasse.com
Voir aussi :
L’article de Bruno Deslot