Critique d’Audren Destin –

Dans la cadre de la première édition des Chantiers d’Europe-Italie du 21 juin au 03 juillet, le Théâtre de la Ville accueille le Piccolo Teatro de Milan avec Lucas Ronconi, ainsi que quatre compagnies italiennes, dont Arturo Cirillo et Ascanio Celestini.

Printemps 1947

C’est à cette date que Giorgio Strehler et Paolo Grassi fondent le Piccolo Teatro à Milan avec la volonté de rattraper le retard du théâtre italien sur le théâtre européen, de balayer le théâtre fasciste petit-bourgeois des années de guerre et de créer un théâtre d’art pour tous. Subventionné et organisé à l’exemple des centres dramatiques français, il devient vite un modèle pour l’Italie et l’Europe. Les spectacles de Strehler, de Goldoni à Tchekhov, de Shakespeare à Brecht, parcourent le monde et viennent régulièrement à Paris. Aujourd’hui c’est Sergio Escobar et Luca Ronconi qui ont repris les rênes du Piccolo Teatro.

© Marcello Norberth | Piccolo Teatro di Milano

Juste la fin du monde

Dans cette pièce Jean-Luc Lagarce aborde un thème qui lui est cher : le retour. Un homme rentre dans sa famille après des années d’absence. Il est venu annoncer sa mort prochaine mais en définitive il repartira sans avoir rien dit. Les raisons de son silence sont multiples mais jamais énoncées, jamais élucidées. Pas de crime caché ni de terrible secret, rien que des vies banales avec des peurs, des refus, des rancœurs, des reproches, des envies d’aimer, des souvenirs amers ou joyeux. Le quotidien de tout un chacun avec ce qu’il comporte de douleur. Ce sont des sentiments qui appartiennent à tout le monde, des malentendus qu’on retrouve dans toutes les familles, des émotions à la fois très simples mais si profondes qu’on ne peut les exprimer.

Une violence contenue

Luca Ronconi signe une superbe mise en scène d’une grande sobriété mais également d’une grande précision. Bien que l’ensemble soit plutôt statique, chaque mouvement, chaque déplacement semble faire partie d’une chorégraphie. Dans un espace limité, le décor est constitué de trois fauteuils, une chaise et une table. Au dessus du plateau un écran indique le numéro des scènes. Les comédiens, avec un immense talent, portent les mots de Jean-Luc Lagarce, autant avec leurs paroles que leurs corps et derrière un calme apparent semblent être animés d’une violence intérieure. Il n’y rien d’inutile, rien de trop, tout est simple et juste.

Giusto la fine del Mondo
– En italien sous-titré français –
De : Jean-Luc Lagarce
Version italienne : Franco Quadri
Mise en scène : Lucas Ronconi
Avec : Riccardo Bini, Francesca Ciocchetti, Pierluigi Corallo, Melania Giglio, Bruna Rossi
Scénographie : Marco Rossi
Costumes : Margherita Baldoni
Lumières : Claudio De Pace

Du 21 juin au 03 juillet 2010
Dans le cadre de Chantiers d’Europe-Italie, 1e manifestation à Paris

Théâtre de la Ville
2 Place du Châtelet, 75 004 Paris
www.theatredelaville-paris.com

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