Critiques // « Fragments d’un discours amoureux » d’après Roland Barthes au Théâtre de la Bastille

« Fragments d’un discours amoureux » d’après Roland Barthes au Théâtre de la Bastille

Mai 08, 2010 | Aucun commentaire sur « Fragments d’un discours amoureux » d’après Roland Barthes au Théâtre de la Bastille

Critique de Denis Sanglard

Fragments d’un discours amoureux de Barthes ou la Carte du Tendre revisitée par la sémiologie. Loin d’un discours ennuyeux qui énoncerait les figures analysées par Roland Barthes c’est à un voyage pertinent et drôle, très drôle, auquel nous convie Arnaud Churin au Théâtre de la Bastille. Soit deux énergumènes énonçant les règles qui régissent de tout temps l’art délicat de l’amour. Enfin plus exactement de l’état amoureux ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

© Julien Piffaut

Affaire de langage et de corps. Car le corps amoureux est un sacré bavard aussi. « Ce que cache mon langage, mon corps le dit. Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé ». Ce que démontre avec malice et pertinence nos deux acolytes, sujets et objets de leur discours. Enfin trois puisqu’ils sont accompagnés sur le plateau nu d’une danseuse/régisseuse qui sans être tout à fait muette ordonne l’espace du jeu et ponctue chaque fragments énoncés d’insolites trouvailles scéniques judicieuses.

Cette démonstration ludique d’un état singulier et propre à tout mortel, enfin faut il l’espérer, est étayée de fragments de grands textes de la littérature amoureuse.

© Julien Piffaut

A la rescousse de nos deux amoureux transis rien moins que Racine (Phèdre bien sûr) ou Goethe (Werther en émoi devant les tartines de Charlotte). Mais également l’expérience propre à chacun à commencer par Barthes lui-même. Conférant au simple particulier que nous sommes une dimension universelle. C’est ainsi que la salle reste obstinément éclairée englobant les spectateurs dans cette démonstration enlevée. Car il n’y a aucun temps mort dans cette représentation. Le rythme est alerte qui ne sacrifie pourtant pas à l’intelligence et à la rigueur du texte de Barthes énoncé ici avec grande clarté. « C’est donc un amoureux qui parle et qui dit… » cette assertion qui ouvre les Fragments de Roland Barthes conclut la représentation. On ne saurait mieux résumer ce petit bonheur.

Fragments d’un discours amoureux
D’après : Roland Barthes
Mise en scène : Arnaud Churin
Avec : Luciana Botelho, Arnaud Churin et Scali Delpeyrat
Collaboration artistique : Emmanuela Pace

Du 4 au 20 mai 2010
Reprise du 16 au 29 novembre 2011

Théâtre de la Bastille
76 rue de la roquette, 75 011 Paris
www.theatre-bastille.com

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