Critiques // « Et puis j’m’en fous, vas-y, prends-la ma bagnole » d’Olivier Sferlazza au Rond-Point

« Et puis j’m’en fous, vas-y, prends-la ma bagnole » d’Olivier Sferlazza au Rond-Point

Nov 05, 2010 | Aucun commentaire sur « Et puis j’m’en fous, vas-y, prends-la ma bagnole » d’Olivier Sferlazza au Rond-Point

Critique d’Audren Destin

J’ai croisé ma moitié au bois de Boulogne. Maladroit comme je suis elle a pris toutes les initiatives. Elle est thaïlandaise. Elle me trouve beau. Y a pas à dire c’est vraiment une autre culture.

Olivier Sferlazza, mis en scène par Laura Scozzi, interprète avec humour et talent la vie d’un homme à part.

© Giovanni Cittadini Cesi

Mr j’aurai voulu des bonbons à l’anus

Sur la scène recouverte de terre, « car nous retournons tous à la terre », il n’y a presque rien, une armoire, un fauteuil et une lampe. Lorsqu’il doit faire des calculs au tableau, il se sert d’un mur sur lequel il écrit à la craie. Il est doué en calcul, son cerveau fonctionne très vite, mais le chemin qu’il prend n’est pas le bon, il ne correspond pas à la norme. Comment se construire lorsque on est différent ? Si  il est à l’aise avec les chiffres, il a un rapport plus difficile avec les mots. Dyslexique il les mélange et les confond : tout au bord de la falaise devient « tout au fort de la balaise », les grands soirs de canicule se transforment en « grands soirs de clavicule »…etc. Pourtant il sait que la culture est utile, surtout si l’on est bête. Il a la même confusion avec les sentiments et les actes, il ne fait pas la différence entre le toucher et l’étranglement, ne situe pas la limite.

J’adore l’histoire-géo, elle a un pantalon en cuir

© Giovanni Cittadini Cesi

Entre les scènes, entre les époques, un air de violon fait la transition. Lui, il retourne dans son placard, d’où il revient chaque fois un peu changé. Le changement le plus notable, c’est quand il apparaît transformé en Titi (la proie de Gros minet). Il arpente la scène, mélancolique, désabusé, s’inventant une vie et des expériences qui ne sont pas les siennes, s’interrogeant avec naïveté et sincérité sur ses sentiments et ses relations aux autres. « Tout est une question de comment on voit les choses. Parfois on ne sait pas du tout où l’on va. C’est bien et c’est pas bien. C’est bien car tout le champs des possibles s’ouvre devant moi, c’est pas bien car tout le champs des possibles s’ouvre devant moi ». Il va jusqu’à s’interroger sur la sexualité avec des animaux. Quel est le problème si l’on tombe amoureux d’une chèvre ? On parle de déviation sexuelle, mais déviation par rapport à quoi ?

La fille à l’accueil était tellement belle que je lui ai demandé si elle avait lu les Misérables de Molière.

Olivier Sterflazza, né de père militaire et de mère blonde, évolue sur la scène et à travers la vie de ce marginal avec la poésie du mime. Il a fait l’école de Mimodrame Marcel Marceau. Sa devise est la suivante : « il n’y a rien de plus courageux pour l’Être humain que de renoncer à devenir quelque chose ».

Si tu veux qu’on parle de toi après ta mort laisse des dettes.

Et puis j’m’en fous, vas-y, prends-la ma bagnole
Texte et interprétation : Olivier Sferlazza
Mise en scène : Laura Scozzi
Costumes et scénographie : Jean-Jacques Delmotte
Lumières : Ludovic Bouaud

Du 2 au 27 novembre 2010

Théâtre du Rond Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75 008 Paris
www.theatredurondpoint.fr

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