Critiques // « Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust » de Renaud Cojo

« Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust » de Renaud Cojo

Juin 03, 2010 | Aucun commentaire sur « Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust » de Renaud Cojo

Critique de Denis Sanglard

… Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust est une performance sur la création de soi. Enfin c’est un peu plus compliqué que ça. Disons que Renaud Cojo s’interroge sur la schizophrénie de l’artiste. Mais c’est encore un peu plus compliqué. Le sujet ne cesse de s’ouvrir vers d’autres perspectives. Cela ne cesse de rebondir. Reprenons aux origines qui motivent l’objet performatif : 1972 David Bowie invente son double Ziggy Stardust.

© Marc Ginot

Un avatar venu de l’espace, maquillé, androgyne, bisexuel dont le succès est immédiat et fulgurant. 1973 Ziggy Stardust se suicide. David Bowie est né. Mais si cet avatar meurt symboliquement il donne également naissance encore aujourd’hui à nombre de clones dont Renaud Cojo est parti à la recherche sur la toile, les nouveaux réseaux sociaux également objet de son œuvre. Il en a trouvé un parmi la cohorte qui est là sur scène, Eliott Manceau, vingt ans à peine jouant l’ultime morceau de Ziggy Stardust « Rock’n Roll Suicide ». Qui explique combien Ziggy fut important dans la construction de soi. De même, rencontre-t-il le sosie officiel de David Bowie/Ziggy Stardust. Arnaud Cojo va plus loin et propose donc « une réflexion  sur le geste artistique, le dédoublement de la personnalité et la résonance que met en mouvement l’acte de création dans la sphère de l’intime ». Application en somme du postulat de Rimbaud « Je est un autre ».

Vêtu des attributs de Ziggy Stardust, bottes et perruque, Arnaud Cojo transforme le plateau en laboratoire, démultipliant les écrans vidéos, au centre duquel trône une cabine téléphonique anglaise celle-là même devant laquelle Bowie posait en Ziggy. Cette performance est une enquête qui tient du puzzle. Nous passons d’internet au cabinet d’un psy, des rues de Londres à un concert d’Iggy Pop. Arnaud Cojo n’a pas de réponses, il pose des questions, fasciné par l’objet même de sa réflexion. C’est un joyeux bordel, une autopsie quelque peu foutraque. Mais le phénomène qu’il analyse est judicieusement mené. Parce qu’il ne lâche pas sa traque. Ce qui apparaît au fur et à mesure c’est combien l’acte de création, y compris la création de soi, procède souvent de l’imitation, imitation née de la fascination dont la schizophrénie n’est qu’une des résultantes. Chacun porte en soi  un Ziggy Stardust, un avatar, lequel permet dans une vie d’exprimer sa part d’ombre. La performance ludique d’Arnaud Cojo est sur ce point brillante dans sa démonstration.

Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust
Conception, mise en scène, images : Renaud Cojo
Avec : Renaud Cojo, Romain Finard, Eliott Manceau et un invité en alternance.
Montages des images : Benoît Arène, Renaud Cojo
Son et régie vidéo : Sylvain Dumoulin
Lumière : Eric Blosse, Veronique Bridier, Emmanuelle Bassibé
Costumes : Odile Béranger
Construction : Jean François Huchet

Du 31 mai au 12 juin 2010
Théâtre de la Cité Internationale
17 boulevard Jourdan, 75 014 Paris – 01 43 13 50 50
www.theatredelacite.com

Du 15 au 26 juin 2010
Théâtre Paris-Villette
Parc de la Villette, 211 avenue Jean Jaurès, 75 019 Paris – 01 40 03 72 23
www.theatre-paris-villette.com

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.