À l'affiche, Critiques // Erich von Stroheim, de Christophe Pellet, mise en scène de Stanislas Nordey, Théâtre du Rond-Point

Erich von Stroheim, de Christophe Pellet, mise en scène de Stanislas Nordey, Théâtre du Rond-Point

Avr 30, 2017 | Commentaires fermés sur Erich von Stroheim, de Christophe Pellet, mise en scène de Stanislas Nordey, Théâtre du Rond-Point

ƒ article de Denis Sanglard

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© Jean-Louis Fermandez

Une femme, deux hommes. Eux paumés, homos, probablement bisexuels, l’un vend son corps, l’autre le préserve difficilement pour un absolu. Ils sont ensemble ou presque. Elle, loue leur service, passe tarifée pour une demi-heure. Portrait d’une femme libre, réflexion sur le couple, sur la sexualité…C’est un marivaudage glacial où la chair est triste et fade, le sexe tarifé, l’amour en option et le désir d’enfant l’aboutissement d’un âpre marchandage. Drôle de pièce où le trio « amoureux » est vidé de sa substance, où la chair est triste, le désir réel absent. On parle de sexe, beaucoup. Mais rien d’obscène pour autant. Le souffre est hors-scène, du moins veut on le croire. Nulle provocation, loin de là. Curieusement si on parle de sexe, sans être crû, dans la mise en scène, impeccable, de Stanislas Nordey les corps sont toujours à distance les uns des autres, les étreintes rares et sans conviction. L’ennuie suinte très vite. Le texte de Christophe Pellet hésite entre trivialité et obscures assertions, formules absconses, n’évitant pas les poncifs, les clichés parfois. L’intérêt suscité par le sujet s’émousse rapidement. Ce ménage à trois tourne bientôt en rond et la fin surprend désagréablement par son côté gentiment et curieusement conventionnel, un retour à une normalité plan-plan, hétéronormé, un papa, une maman et l’enfant qui bientôt paraît. Exit le troisième homme, l’autre qu’on partageait, terminé les passes. Père au foyer, voilà l’avenir après le porno. Pourtant les acteurs sont impeccables. Emmanuelle Béart, en femme forte et froide, triomphante, aux écorchures domptées est totalement investie dans ce personnage singulier non soumise aux regards des hommes traitant ces derniers de « chiens », édicte les règles et prend son plaisir sans partage. Actrice sensuelle et sensible, tout cela semble curieusement éteint pour une austérité, voire une froideur singulière, une sexualité devenue mécanique. La nudité de Thomas Gonzales s’efface devant une sensibilité tendue. Et Victor de Oliveira, massif, s’impose dans sa déroute et ses doutes, homme brisé du dedans. La mise en scène il est vrai honnête et fluide de Stanislas Nordey, simple dans sa sophistication, pourtant manque de chair, de son poids de chair. Tout semble désincarné, évidé et les corps dans leur appétit et leur déchéance, voire leur dégoût, absent alors qu’ils sont au centre de cette création au finale plus bavarde, trop parfois, que charnelle.

Erich von Stroheim
De Christophe Pellet
Mise en scène de Stanislas Nordey
Avec Emmanuelle Béart, Thomas Gonzales, Laurent sauvage en alternance avec Victor de Oliveira
Collaboration artistique Claire Ingrid Cottanceau
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumière Stéphanie Daniel
Son Michel Zurcher
Vidéo Claire Ingrid Cottanceau, Stéphane Pougnand
Décors et costumes Les ateliers du TNS

Avec Emmanuelle Béart, Thomas Gonzales, Laurent sauvage en alternance avec Victor de Oliveira

Du 25 avril au 21 mai à 21h
Dimanche 15h, relâche les lundis, les 30 avril et 2 mai
Théâtre du Rond-Point
Salle Renaud-Barrault
2bis avenue Franklin D. Roosevelt – 75008 Paris
M° Franklin D. Roosevelt ou Champs Elysées Clémenceau
Réservations 01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

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