Critiques // « Eneas, Neuf » de Frédéric Constant au Théâtre Paris-Villette

« Eneas, Neuf » de Frédéric Constant au Théâtre Paris-Villette

Mai 20, 2010 | Aucun commentaire sur « Eneas, Neuf » de Frédéric Constant au Théâtre Paris-Villette

Critique de Denis Sanglard

Toujours en errance !

Enéas, neuf est le second volet d’une vaste fresque Les années de cendre qui a pour ambition d’interroger la guerre sous forme de chroniques. « Un monde qui ne serait qu’une guerre que des instants de paix suspendent », ce projet est conçu et mis en scène par Frédéric Constant. Dans cette seconde chronique nous suivons les péripéties d’Enée au sortir de Troie, de Carthage au Latium en passant par les Enfers.

C’est donc à partir de l’Enéide revisitée de Virgile que Frédéric Constant (et Xavier Maurel) développe son projet ; l’arrachement, l’errance, l’exil, le destin d’un homme face à son devoir et la mutation d’un monde sortant du chaos. Enée est désormais un boxeur, champion de Méditerranée, poids Walter enchaînant les combats en attendant que s’accomplisse son destin et aux mains d’affairistes dont sa mère Vénus. Fallait-il pour autant choisir la parodie ? Si la mise en scène et la scénographie sont impeccables et les acteurs au diapason, la parodie vire très vite à la caricature et n’évite pas de fait tous les poncifs du genre, diluant très vite le propos initial. Les rois sont donc des imbéciles, les reines toujours alcooliques, leurs filles bien sûr nymphomanes, les conseillers fourbes… Sybille, la prophétesse, n’échappe guère au traitement de choc, devenue travesti – sud américain comme il se doit – et dame-pipi dans une boite des bas-fonds… C’est dommage et ce n’est pas vraiment drôle alors même que quelques idées surgissent qui ne sont pas dénuées d’intérêts. Ainsi du passage aux Enfers qui ne s’avère être qu’une farce. Mais l’ensemble qui ne manque pourtant pas d’énergie pêche par son manque de clarté. Il y a une promesse non tenue, un manque d’audace formelle aussi, que l‘humour volontaire ne suffit pas à masquer. Nous sommes comme Enée, on erre en vain ne sachant où se poser.

Enéas, Neuf
Chroniques des temps de guerre, temps II

Conception et mise en scène : Frédéric Constant
Texte : Frédéric Constant et Xavier Maurel
Scénographie : Denis Fruchaud assisté de Corinne Forsans
Avec : Véronique Affholder, Amélie Gonin, Geoffroy Guerrier, Guillaume Junot, Jean Lescot, Catherine Pietri, Pierre Poirot, Christophe Vandevelde

Du 17 mai au 3 juin 2010

Théâtre Paris-Villette
211 avenue Jean Jaurès, 75 019 Paris
www.theatre-paris-villette.com

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