Critiques // Diptyque Jean-Claude Fall : « Le Roi Lear » et « Richard III » de Shakespeare

Diptyque Jean-Claude Fall : « Le Roi Lear » et « Richard III » de Shakespeare

Jan 21, 2010 | Aucun commentaire sur Diptyque Jean-Claude Fall : « Le Roi Lear » et « Richard III » de Shakespeare

Critique de F. Fauvernier

Traîtrise, héritage, magot, luxure, folie et au bout : La mort …

Fables morales sur la fausseté des sentiments, le Roi Lear et Richard III, ces deux chefs-d’œuvre de Shakespeare sont montés en diptyque par Jean-Claude Fall, désireux de mettre en valeur la tragique figure du père destructeur par son omni-présence, Lear, ou son absence, Richard.

Jean-Claude Fall signe en même temps la fin de son « règne » sur le CDN (centre dramatique national) du Languedoc-Roussillon.

« Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute « 

© Marc Ginot

… « Jusqu’au moment où le flatté lui cède son bien « , pourrait-on logiquement penser. Oui mais, avec Monsieur William, on peut être sûr que « celui qui l’écoute » ne va plus vivre très longtemps, le flatteur non plus d’ailleurs finalement.
Frères, pères, sœurs, filles. Mari, amant. Ici tout le monde meurt assassiné. Cette famille, où le parricide, le fratricide se vivent au quotidien, n’a rien à envier aux plus beaux personnages de la tragédie grecque, Œdipe en tête.

Un conte initiatique d’un côté, de l’autre une pièce politique violente et contemporaine. Le même décor avec les mêmes lumières et la même troupe.
Manipulation, aveuglement, passion, cynisme… certes, mais aussi de l’amour, beaucoup d’amour !

« Lorsque nous venons au monde, nous pleurons d’être jetés sur cette grande scène de fous. »
Le Roi Lear

Deux pères sont manipulés et trahis, l’un par ses filles, l’autre par son fils Edmond. Lear et Gloucester.

Sur un plateau incliné, au début recouvert d’une toile de couleurs pastel avant de laisser place à du bois brut, les protagonistes marchent, courent, sautent, rampent, s’aiment, se chassent.

« Quel est ce monde où les fous guident les aveugles », interroge Gloucester, martyrisé, dans une chemise rougie de son sang.
C’est celui d’un souverain devenu fou.

Jean-Claude Fall, non seulement traducteur, créateur lumière et metteur en scène, est éblouissant d’énergie passionnée dans le rôle complexe et torturé de Lear.
Souverain devenu fou, il nous fait assister à un tableau tout à la fois grandiose et poignant : sa rencontre avec Tom (David Ayala, attachant Tom-Edgar rebondi), au cœur d’une véritable tempête chargée de coups de tonnerre et gorgée d’une pluie véritable, cascadant sur le plateau. C’est magique !
Magie qui plus tard, quand, Tom-Edgar et son père, le comte de Gloucester, se retrouvent, soulignée par la musique de Dimitri Chostakovitch, va peu à peu se transformer en émotion.
Émotion qui nous emmène jusqu’au dénouement final : la mort en duel de l’infâme bâtard Edmond (Luc Sabot à la fois charmeur et venimeux), la fin tragique de la douce Cordelia (Christel Touret à la fois Cordelia sensible et tendrement clownesque), aimante Cordelia, dans les bras de Lear, agonisant, fou de douleur.

Le Roi Lear / Richard III
De : William Shakespeare
Mise en scène : Jean-Claude Fall
Scénographie : Gérard Didier
Dramaturgie : Gérard Lieber
Costumes : Marie Delphin, Gérard Didier
Lumières : Martine André, Jean-Claude Fall
Musique : Dimitri Chostakovitch (arrangement vocal dans Richard III : Luc Sabot)
Son : Serge Monségu
Vidéo : Laurent Rojol
Assistants à la mise en scène : Marc Baylet, Stéphane Laudier
Avec : David Ayala (Richard III), Jean-Claude Fall (Lear) et Marc Baylet, Jean-Claude Bonnifait, Julien Guill, Grégory Nardella, Patrick Oton, Alex Selmane et Roxane Borgna, Isabelle Fürst, Fanny Rudelle, Luc Sabot, Christel Touret de la troupe du Théâtre des Treize Vents

Du 4 au 31 janvier 2010

Théâtre des Quartiers d’Ivry
1 rue Simon Dereure, 94200 Ivry-sur-Seine
www.theatre-quartiers-ivry.com

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