Critiques // « Denrées Périssables » du Collectif Zone Libre à l’espace Daniel Sorano

« Denrées Périssables » du Collectif Zone Libre à l’espace Daniel Sorano

Fév 06, 2010 | Aucun commentaire sur « Denrées Périssables » du Collectif Zone Libre à l’espace Daniel Sorano

Critique de Florian Fauvernier

En quête du juste mouvement

Inspiré du roman La Piscine de Yôko Ogawa et de l’oeuvre du peintre Francis Bacon, ce spectacle traite des relations interpersonnelles, à l’heure de la démultiplication des technologies de communication. L’action se déroule dans un lieu improbable, tour à tour, salon, hall de gare, piscine, boîtier cristallin… Les danseurs s’interrogent sur la présence et le mouvement juste et concentrent leurs recherches sur les états du corps.

L’attente de la métamorphose

Francis Bacon et Yuko Ogawa évoquent tous deux la métamorphose, l‘appréhension, la solitude qui la précède. Ils interprètent également notre société où le « Moi, Je » commande rendant ainsi l’échange, la communication difficile voir impossible. Le « Moi, Je » écrase entièrement le « Nous » du partage. Faisant jaillir l’angoisse, état difficile à vivre, mais également moteur de notre évolution.>

Une ode angoissante au temps qui passe

Comme des automates, cinq danseuses se meuvent sur un plateau encadré par deux cabines de verre. Dès les premiers instants, l’obscurité, soeur alliée des mauvais rêves, est là. La musique, librement improvisée et jouée en live, accompagne les corps. Lancinante, tantôt métronome, tantôt douce mélopée, tantôt saccades brutales… La chorégraphie de Cathy Testa, formée au départ à la méthode de mime corporel d’Etienne Decroux, sait faire parler les corps…. Ici, toute la gestuelle met en valeur les tensions du corps, les sensations des interprètes.

Arc boutés, marchant, chutant soudain, aussitôt relayé par un autre. Les corps parlent… Interrogent… Que se passe-t-il sur cette scène dénudée ? Cinq danseuses et pourtant elles sont beaucoup plus à se mouvoir, telle une foule de corps anonymes… Toutes vêtues d’une simple chemise blanche, elles se confondent… Chacune tellement semblables et pourtant si particulière. Laquelle nous ressemble le plus ? Laquelle nous évoque le plus le visage, le corps, l’attitude d’un être proche ? Si proche et tellement lointain, fragile, éphémère…

Celle-ci, si fragile et sensuelle ? Ces deux-là si fortes ? Cette autre encore, si tourmentée, désespérée, décidée… Pleine de vie pourtant. L’eau coule entre leurs doigts comme le temps qui passe, déjà les corps se vident, ruissellent… L’eau, source de vie, devient ici tour à tour, douche, gouttent, geyser, ablution, crachat, pertes…Cycle…Marc Thiriet et Cathy Testa, signent ici, grâce à de belles personnes, une ode angoissante au temps qui passe.

Notre temps…
Nous…
Denrée périssable…
Gloups…
!

Denrées Périssables
Création et interprétation : Virginie Avot, Estelle Chabretou, Fanny Coulm, Hanako Danjo, Cathy Testa, Guillaume Feyler
Chorégraphes : Marc Thiriet et Catherine Testa
Scénographie : Marc Thiriet
Compositeur : Guillaume Feyler
Conception visuelle : Mathieu Besson
Costumière : Marie-Anne Nony
Création lumière : Jean-Claude Espardeilla
Collectif Zone Libre

Du 19 janvier 18 février 2010

Espace Daniel-Sorano
16 rue Charles-Pathé, 94 300 Vincennes
www.espacesorano.com

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