Critiques // Critique. « WOYZECK – LA MORT DE DANTON – LÉONCE ET LÉNA » de GEORG BÜCHNER au Théâtre de la Ville

Critique. « WOYZECK – LA MORT DE DANTON – LÉONCE ET LÉNA » de GEORG BÜCHNER au Théâtre de la Ville

Jan 18, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « WOYZECK – LA MORT DE DANTON – LÉONCE ET LÉNA » de GEORG BÜCHNER au Théâtre de la Ville

ƒ Critique Dashiell Donello

LA MORT DE DANTON

©Pascal GELY

Sur la thématique du désir et du pouvoir, Ludovic Lagarde traverse l’œuvre de Büchner, tel un médecin qui prendrait la température d’un patient  qui irait de la fièvre à l’anémie, sans jamais être tout à fait malade, ni tout à fait guéri.

Woyzeck écrite en 1836, mais publiée en 1879, débute cette épopée. Büchner (1813 -1837) a tiré d’un fait divers ce drame des pauvres gens qui vont d’offenses en révoltes et d’espoirs  en déchéances. Woyzeck est un soldat qui vit dans la précarité. Pour faire vivre sa femme Marie et son fils. Il sert aussi de cobaye pour la médecine et subit, sans pouvoir se défendre, les humiliations que lui impose un capitaine chez qui il travaille comme aide de camp. Les expériences médicales ont des effets néfastes sur sa personne, et vont l’amener irrémédiablement vers la folie et le crime.  C’est par jalousie qu’il tue Marie, mais aussi par l’aliénation d’une société qui l’écrase et l’ignore.

« J’aime mieux être guillotiné que guillotineur. » Danton

Vient ensuite, La Mort de Danton (1835). Un drame en quatre actes de Georg Büchner. La pièce évoque les dernières journées qui précédèrent la mort de Danton. C’est sur des faits historiques, de l’intérieur de l’intimité de sa mort certaine, que toute l’intrigue repose. L’intimité de Danton est sociale et privée à la fois. L’opinion publique le condamne à la guillotine pour avoir mené une politique modérée dans une vie bourgeoise. Pour Danton, « nous sommes tous des épicuriens ». L’allusion que fait Danton par le fameux « septembre !» avec lequel, il a atteint sa gloire  révolutionnaire, va paradoxalement le condamner.

Pour finir cette intégrale Büchner,  Léonce et Lena, deux amoureux qui ne parviennent pas à fuir l’ordre établi. Un prince mélancolique et son fou fuient la cour d’un roi gâteux et trouvent en chemin une princesse vagabonde.

A la fin de ce long chemin Brucknérien, on a le sentiment que quelque chose est étouffé, que l’espace ne se vit pas bien, que la scénographie (Antoine Vasseur ) empêche le jeu et que le tout ne nous parvient pas clairement. Il y a assurément quelques envolées, mais bien trop timides pour nous faire oublier le temps et la lenteur de ce spectacle. Pourtant les comédiens font ce qu’ils peuvent, mais semblent être isolés et le fluide complice essentiel au jeu ne pas passe entre eux. Nous avons donc un goût d’insatisfaction et l’impression que le cordon textuel avec le travail  d’Olivier Cadiot (Un nid pour quoi faire, Un mage en été) est toujours présent dans la mémoire de Ludovic Lagarde. Cette influence, avec cet auteur, laisse encore voir des scories qui donnent de la bizarrerie peu à propos avec le théâtre flamboyant de Büchner. On quitte la salle en ne sachant que penser, mais sûr on n’a pas été rassasié de théâtre.

WOYZECK – LA MORT DE DANTON – LÉONCE ET LÉNA
De Georg Büchner
Traduction Jean-Louis Besson & Jean Jourdheuil
Mise en scène Ludovic Lagarde
Dramaturgie Marion Stoufflet
en collaboration avec
Olivier Cadiot & Dorothea Heinz
Scénographie Antoine Vasseur
Lumières Sébastien Michaud
Costumes Fanny Brouste
Conception son
David Bichindaritz
Vidéo Jonathan Michel
Maquillage Corinne Blot
Avec Julien Allouf,
Juan Cocho,
Simon Delétang, 
Servane Ducorps,
Constance Larrieu,
Déborah Marique,
Camille Panonacle,
Laurent Poitrenaux,
Samuel Réhault,
Julien Storini

Jusqu’au 25 janvier 2013 à 19 H / Dimanche 20 janvier 15 H

THÉÂTRE DE LA VILLE
2 Place du Châtelet Paris 75001
Location 01.42.74.22.77
M° Châtelet
http://www.theatredelaville-paris.com

 

 

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