Critiques // Critique. « Tout est normal mon cœur scintille » de et par Jacques Gamblin au Théâtre du Rond-Point

Critique. « Tout est normal mon cœur scintille » de et par Jacques Gamblin au Théâtre du Rond-Point

Fév 08, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « Tout est normal mon cœur scintille » de et par Jacques Gamblin au Théâtre du Rond-Point

ƒ  Critique Suzanne Teïbi

TOUT-EST-NORMAL-MON-COEUR-SCINTILLE_GCC_169-v2_BD© Giovanni Cittadini Cesi

Sur le fil

Un homme est seul. Sans la femme qu’il aime. Son corps manque d’elle. Il le dit, se l’explique, nous l’explique. Si l’homme souffre, qu’en est-il de son corps? Il a besoin d’être touché, de toucher, de se sentir bouger pour exister pleinement. Jacques Gamblin jette le trouble en conviant deux danseurs à compléter son parcours au plateau, sans que l’on s’y attende. Il parvient avec brio à créer un dialogue corps/texte, dans lequel la danse, sans jamais l’illustrer, éclaire ce qui est dit avec beaucoup de douceur. Avec la question des organes, de la peau, des membres, il explore la question de l’absence, du vide, du trou et de la matière, et ce glissement prend soudain plus d’ampleur qu’il n’y paraît. Car en creux, c’est bien l’absence qui se raconte dans ce monologue. S’invitent tout de même des réflexions sur le monde, des questionnements saugrenus mais étrangement profonds, et beaucoup d’animaux qui permettent à Gamblin de parler de l’homme: « Le cœur d’une musaraigne bat 800 fois par minute, celui d’un éléphant, seulement 25 fois. Quoiqu’il en soit, chacun d’eux totalise 1 milliard de battements au cours de sa vie. Souvent je me demande ce qu’il vaudrait mieux: être une musaraigne et vivre moins longtemps mais à fond! Ou bien être un éléphant qui doit quand même traverser quelques moments d’ennui non?! ».

L’homme en manque, sur le fil, tente de tisser un certain équilibre, en se focalisant sur le corps quand l’homme souffre. Et c’est résolument grâce aux danseurs, c’est bien à trois qu’ils parviennent à soulager le manque de l’un d’entre eux. La proposition de Jacques Gamblin pourrait être davantage audacieuse, car sur le plateau tout est harmonieux, et finalement un peu lisse. La douleur de l’absence est parfois vite éludée au profit de la drôlerie. Nul besoin pourtant de multiplier les jeux de mots qui trivialisent le propos, nul besoin de projection vidéo, plaisante mais gratuite.

Reste cependant une proposition très touchante, généreuse et bienveillante, dans laquelle Gamblin parvient à établir une très jolie relation avec son public

Tout est normal mon cœur scintille
Texte et mise en scène: Jacques Gamblin
Collaboration artistique: Anne Bourgeois
Collaboration chorégraphique: Catherine Gamblin-Lefèvre
Scénographie: Alain Burkarth
Assistanat à la mise en scène: Domitille Bioret
Costumes: Marie Jagou
Conception sonore: Grégory Beller
Spatialisation sonore: Hervé Rico
Lumières: Laurent Béal
Vidéo: Sébastien Sidaner
Avec: Jacques Gamblin
Danseurs: Bastien Lefèvre, Claire Tran

Jusqu’au 3 mars 2013 à 18h30
Relâche les lundis, mardis, et les 10, 13, 14, 20 et 21 février
Représentations supplémentaires les samedis à 15h30

Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris
Métro Franklin Roosevelt
Réservations:01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

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