Critiques // Critique . Touchée par les fées. Maison des Métallos.

Critique . Touchée par les fées. Maison des Métallos.

Fév 14, 2013 | Aucun commentaire sur Critique . Touchée par les fées. Maison des Métallos.

ƒ Critique Djalila Dechache

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Touchée par la grâce, la chance, la baraka comme on voudra, pourrait-on ajouter en évoquant Ariane Ascaride.

Les seul(e)s en scène au théâtre sont légion et tous ne se valent pas. On aurait pu se dire « encore un » et puis on est vite conquis, surtout au début, de voir arriver quasiment en catimini par où on ne l’attend pas, une femme vêtue d’une combinaison rouge style garagiste. Et c’est Ariane Ascaride. Ariane tout simplement. Elle narre le pourquoi de ce travail d’une manière si juste et si drôle, en ce jour de 2010 où le Festival d’Avignon lui passe commande d’une petite forme pour qu’elle puisse se raconter, raconter comment sa vie s’est transformée en théâtre. Comme elle ne sait pas faire ce genre d’exercice artistique, elle dit qu’elle veut voler, voler dans les airs s’entend et comme les fées, et que les rôles qu’elle a joués dans sa vie le lui permettent maintenant, après coup, depuis Médée montée par Dario Fo jusqu’à Mère courage de Brecht. C’est qu’elle est passée au cinéma avec des rôles magnifiques, le théâtre resté en veilleuse ces derniers temps, même si elle a joué en 2007 au Théâtre de la commune d’Aubervilliers, « La maman bohème et Médée » de D. Fo et F. Rame.

 © Jean-Louis Fernandez

« Je suis la fille de Peter Pan…je me transforme en page … »

L’enfance, la famille d’italiens émigrés en France passe au filtre de ses souvenirs vivaces, elle n’oublie rien Ariane, tout est là, ses 6 ans ses 8 ans, plus tard sa rencontre avec Noureev, comment elle change Noël à partir de sa seule volonté, son père coiffeur, bel homme à la gourmandise féminine assumée et amateur de théâtre et d’empires, sa mère délirante à la fin de sa vie, ses frères…… une relation familiale et théâtrale forte et qui dure. Une relation à son père qui lui fait prendre « le statut » de la fille de Peter Pan, qui la conduira à Antoine Vitez notamment. Ce qui est intéressant dans cette démarche c’est la narration multiple imbriquée : celle de la commande institutionnelle avec les questions et réponses, c’est si drôle, celle des souvenirs, avec le père très présent et la mère plus effacée fermant les yeux sur les frasques de son mari, celle plus poétique aux envolées lyriques dites d’un seul jet presque sans respirer. Parfois, Ariane Ascaride ne veut plus être drôle, alors elle montre l’autre côté des choses, et elle dit que ses parents se détestaient par exemple. Les enfants savent-ils vraiment tout de leurs parents ?

Et même en allant plus loin, on dirait que le texte n’est pas écrit, il est si près d’Ariane, il est Ariane. Elle a une belle présence, simple et forte, simple et subtile, simple et grave. Saluons le beau travail d’écriture de Marie Desplechin, à la plume si délicate et toute en nuances, qui s’aventure depuis son expérience d’écriture avec la ville de Bobigny, sur ses routes iconoclastes. Pour notre plus grande joie.

Si après ce monologue peuplé de voix et de présences, Ariane Ascaride réussit à jouer Puck l’esprit espiègle dans « Le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare, rôle qui la fait rêver depuis toujours, on pourra redoubler la croyance aux fées et aux anges qui accompagnent chacun de nous.

 

Touchée par les fées
Pour et par Ariane Ascaride
Texte Marie Desplechin
Regard et gestes Thierry Thieû Niang
Costume Merima Trailovic
Musique Purcell, The Fairy Queen, direction John Eliot Gardiner

Jusqu’au 24 février, mardi au samedi 20h, dimanche 16h

Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud
75011 Paris
Métro : Couronnes
Réservation : 01 47 00 25 20
www.maisondesmetallos.org

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