Critiques // Critique • « Rose » de Martin Sherman avec Judith Magre à la Pépinière Théâtre

Critique • « Rose » de Martin Sherman avec Judith Magre à la Pépinière Théâtre

Jan 21, 2012 | Un commentaire sur Critique • « Rose » de Martin Sherman avec Judith Magre à la Pépinière Théâtre

Critique de Denis Sanglard

A la Pépinière une Rose s’épanouit. Judith Magre s’empare d’un texte de Martin Sherman (l’auteur entre autres de Bent) et ce qu’elle nous offre est tout simplement du grand art. Rose, c’est une traversée du siècle, une épopée qui va des Shtel d’Ukraine aux ghettos de Varsovie, de pogroms en massacres, de la création d’Israël à Miami Beach.

C’est l’histoire d’un peuple, les Ashkénazes, et le destin d’une juive qui porte l’histoire de son peuple dans ses replis les plus intimes. Une femme que les épreuves traversées, terribles, insoutenables parfois, n’empêchent pas d’avancer et de prôner des valeurs universelles, qui dénonce les meurtres commis au nom d’une Nation quelle qu’elle soit et refuse tous partis pris simplistes, tous extrémismes politiques ou religieux d’où qu’ils viennent. Assise sur son banc de bois où elle fait shiv’ha, Rose qui perd un peu la mémoire raconte sa vie.

© Agence Bestimage

C’est un texte poignant, bouleversant. Mais jamais Judith Magre ne sombre dans le pathos où l’outrance. La classe ! C’est dit comme ça, simplement, l’émotion affleure mais jamais elle ne tombe dans ce piège de pleurnicher. Non, Rose rit. Son épopée est une blague juive. Un western comme ceux qu’elle affectionne tant. Rose c’est une femme engagée, libre, lucide, sans concession et drôle. Ce rire qui sauve de tout, qui vous rend la vie. Judith Magre est tout simplement immense. Sa présence déjà donne à Rose un poids phénoménal à cette grand-mère ashkénaze. L’air de rien, sans y toucher, elle avance dans ce récit avec légèreté et c’est toute la gravité de l‘histoire de Rose, qui rejoint celle avec un h majuscule, qui résonne et tonne. Judith Magre s’empare de Rose ou Rose s’empare de Judith Magre, on ne sait vraiment.

Il est des moments rares au théâtre où la rencontre entre un texte, un personnage et un comédien vous stupéfie. Judith Magre a cette élégance inouïe de disparaître derrière son personnage, littéralement happée par cette femme, traversée par son destin. Thierry Harcourt a l’élégance assumée de s’effacer devant cette évidence, sa mise en scène toute de discrétion, accompagne son actrice dans les méandres de la mémoire de Rose. Une magnifique leçon de théâtre et plus encore, une formidable leçon de vie.

Rose
De : Martin Sherman
Avec : Judith Magre
Mise en scène : Thierry Harcourt
Scénographie et costumes : Patricia Rabourbin
Lumière : Jacques Rouveyrollis
Musique : Eric Slabiack

Du 10 janvier au 18 mars 2012
Du mardi au samedi à 19h – Dimanche à 15h

La Pépinière Théâtre
7 rue Louis le Grand, Paris 2e
M° Opéra — Réservations 01 42 61 44 16
www.theatrelapepiniere.com

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